La Société Générale et le Crédit Agricole étudient une alliance

Les grandes man?uvres dans une industrie financière en crise ont commencé. Selon plusieurs sources concordantes, la Société Générale et le Crédit Agricole travaillent, depuis l'été dernier, sur un projet de rapprochement de leurs deux filiales de gestion d'actifs, Société générale Asset Management (SGAM) et Credit Agricole Asset Management (CAAM). Interrogés par « La Tribune» , la Société Générale et le Crédit Agricole n'ont pas souhaité commenter nos informations. Ce projet, s'il devait être finalisé, constituerait une vraie révolution dans le monde de la gestion d'actifs, dont le modèle reposait jusqu'à présent sur une association exclusive entre le gestionnaire et son réseau de distribution. Mais la tempête financière a largement fragilisé ce modèle que l'on croyait durablement rentable et économe en fonds propres.Le schéma étudié par les deux banques repose sur la création d'un joint-venture regroupant toutes les activités de gestion, à l'exception de la gestion alternative. Il s'inspire dans les grandes lignes du montage retenu pour la création de Newedge en janvier 2008, une société de courtage détenue à 50/50 par la Société Générale et Calyon, filiale du Crédit Agricole et s'avère une réussite. Cette opération doit être également appréciée à l'aune du regroupement de trois filiales de la Société Générale ? Lyxor, SGAM Alternative Investment et Barep ? au sein d'un pôle unique de gestion alternative, qui devrait rejoindre le périmètre de la Banque de financement et d'investissement (BFI). L'objectif est donc bien de conserver au sein de la banque une activité, certes mal en point, mais mieux rémunérée que la gestion traditionnelle, et qui fait travailler activement la salle des marchés de la BFI. La récente cession de SGAM UK à GLG Partners prépare également le terrain à un tel rapprochement, le Crédit Agricole disposant d'une forte implantation à la City. Le projet se limite donc à la gestion plus classique, moins innovante, qui tire l'essentiel de sa rentabilité sur les volumes gérés. Or, les encours ont été sérieusement écornés?: à peine 300 milliards d'euros pour la SGAM à la fin du troisième trimestre 2008 contre 358 milliards à la fin 2007 (-16 %) et un recul de 9 % pour CAAM à 477 milliards d'euros. De nouvelles économies d'échelle sont à trouver. Pire, la gestion d'actifs peut s'avérer destructrice de fonds propres, les fonds monétaires étant de facto garantis par la banque en cas de perte. C'est la raison pour laquelle la SGAM a accusé de lourdes pertes ces derniers mois. « Le monde de la gestion doit entièrement se repenser », souligne un professionnel. C'est précisément la mission qui a été assignée à Jean-Pierre Mustier, ex-patron de la BFI, lorsqu'il a pris, entre autre, les rênes de la SGAM en septembre. Le chantier est bien lancé. Eric Benhamou
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