Le marché scrute les candidats au défaut

Autant la détente des taux du marché interbancaire confirme chaque jour que le pire est passé pour les institutions financières, autant l'envolée des primes de risque sur la dette des entreprises donne une idée des difficultés à venir dans la sphère réelle. L'indice iTraxx Crossover, un des indicateurs d'aversion au risque les plus regardés sur le marché du crédit - il reflète l'évolution du coût de la protection contre le risque de défaut de 50 émetteurs notés en catégorie spéculative -, a atteint de nouveaux sommets hier, franchissant pour la première fois le seuil de 800 points de base.Les entreprises les plus lourdement endettées sont en effet de plus en plus vulnérables dans l'environnement actuel. Partout, même en Chine, la croissance ralentit. Les banques accordent moins facilement du crédit. Quant aux marchés, ils sont purement et simplement fermés pour les entreprises dont la dette est considérée comme " spéculative ". Dans un tel environnement, tout emprunt arrivant à échéance peut se transformer en obstacle insurmontable.NERVOSITE SUR LES MARCHES CASH ET DERIVESAprès avoir passé en revue une quarantaine d'émetteurs de dette " high yield " (à haut risque et haut rendement) en euros, les stratégistes crédit de Natixis ont ainsi identifié deux cas particulièrement critiques. " Avant la fin de l'année, le finlandais M-real dans le secteur du papier et le câblo-opérateur espagnol ONO pourraient avoir des difficultés pour se refinancer ", expliquent-ils. Les emprunts obligataires émis par ces entreprises arrivent en effet bientôt à maturité et le marché de la dette " high yield ", étant fermé, ils risquent de se trouver à court de liquidités.Si dans leur majorité, les émetteurs de dette de bonne qualité (notée en catégorie dite " d'investissement ") n'en sont pas là, cela n'empêche pas les marchés du crédit, cash et dérivés, de se montrer extrêmement nerveux. " Le marché est en train de "pricer "les problèmes de liquidités auxquels les entreprises risquent d'être confrontées l'année prochaine ", confirme un opérateur. Une chose est sûre : les entreprises vont devoir payer cher pour se refinancer car, sur les marchés du crédit, leur dette se trouve désormais en concurrence avec les emprunts obligataires des institutions financières, des titres à la fois rémunérateurs et garantis par l'État.
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