L'accès au crédit reste difficile

Les efforts des banques centrales pour ramener la confiance sur les marchés restent vains. Après quinze mois d'efforts, la déroute des places financières sonne comme un constat d'échec. Pourtant, on ne peut pas reprocher aux banquiers centraux d'être restés les bras croisés face à la crise. Depuis le 9 août 2007, elles se substituent au marché interbancaire. Redoublant d'inventivité pour abreuver les institutions financières de liquidités, les banques centrales américaine et européenne en sont même arrivées à un point où, pour un taux donné, les banques obtiennent (sous forme de prêts) toute la liquidité qu'elles demandent. Face au ralentissement économique annoncé, toutes ont mis en ?uvre des politiques monétaires extrêmement agressives. Dernière en date, la Banque Nationale Suisse a opéré le troisième assouplissement de sa politique monétaire en un mois et demi hier (lire page 19). Le taux directeur de la Réserve fédérale américaine a, lui, été abaissé de 5,25 % à 1 % depuis septembre 2007. Quant à la Banque d'Angleterre, elle est passée à la vitesse supérieure le 6 novembre dernier, en abaissant son principal taux de 1,5 point, un mouvement d'une ampleur totalement inédite, à 3 %. Même la Banque centrale européenne, après une hausse des taux malvenue en juillet dernier, a ramené son « refi » de 4,25 % à 3,25 %. Et cet assouplissement monétaire généralisé ? il concerne également la Chine et le Japon ? est loin d'être terminé. De l'avis des économistes, les banques centrales vont continuer à baisser leurs taux, du moins dans les pays où ils n'ont pas encore touché le plancher.amélioration des margesUne victoire, au moins, peut être portée au crédit des banques centrales. Aujourd'hui, aucune banque ne peut plus faire faillite pour des raisons d'accès à la liquidité. Autre bonne nouvelle?: leurs marges ne peuvent que se redresser. Les banques empruntent en effet au taux banques centrales et le prêtent à des taux qui ont été nettement revus à la hausse depuis le début de la crise. « Cette amélioration des marges permettra aux banques de supporter l'augmentation des taux de défaut et de continuer à financer l'économie », explique l'économiste d'Aurel, Christian Parisot. Reste le problème de la répercussion des baisses de taux à l'ensemble de l'économie. Normalement, avec des taux plus bas, les entreprises sont incitées à investir davantage, ce qui permet de contrebalancer le ralentissement de l'activité. Le problème est que la plupart des prêts sont indexés sur les taux du marché monétaire?: le libor aux États-Unis ou en Grande-Bretagne, l'Euribor en zone euro. Et, tant que les banques se méfient les unes des autres, ces taux restent anormalement élevés. Alors qu'avant la crise l'Euribor dépassait en moyenne le taux de la BCE de quelque 15 points de base (1 point de base = 0,01 %), l'écart entre les deux s'est creusé jusqu'à 164 points de base le 8 octobre dans le sillage de la faillite de Lehman Brothers. Mais signe encourageant, depuis, l'Euribor ne cesse de se détendre. Hier, il a fixé à 4,08 % (contre 5,39 % au plus haut), ce qui signifie que même si dans l'absolu il reste élevé par rapport au taux banque centrale, il a désormais plus que répercuté les deux baisses de taux de la BCE. Sophie Rolland
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