En Iran, la division gagne le sommet de l'état

Moyen-Orient Après plus d'une semaine d'impressionnantes manifestations populaires contre la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad, la tension est montée d'un cran hier soir, des tirs s'étant fait entendre dans les quartiers nord de Téhéran, là où les soutiens aux réformateurs sont les plus déterminés. Arrivé deuxième lors du scrutin présidentiel du 12 juin selon le décompte officiel, Mir Hossein Moussavi s'en est pris au camp des conservateurs, samedi, appelant à purger la république islamique des « mensonges et des déviations ». Plus que jamais, il dénonce des élections frauduleuses et milite pour leur annulation. Répondant aux menaces de répression à peine voilées des autorités iraniennes, il a aussi proclamé devant ses supporteurs qu'il était « prêt au martyre ». Selon les chiffres officiels, les manifestations pacifiques de samedi se seraient soldées par 10 morts et 100 blessés.Le point de non-retour a peut-être été atteint vendredi après-midi, lorsque le « guide suprême » du régime, Ali Khamenei, a apporté son soutien inconditionnel à la réélection pourtant douteuse d'Ahmadinejad, rendant par avance responsables les leaders réformateurs du sang qui pourrait couler si les manifestations se poursuivaient. Non seulement l'ayatollah a engagé sa crédibilité en sortant de l'impartialité attachée à sa fonction, mais il a pris le risque de radicaliser une partie des manifestants, ce qui pourrait attester de la tentation du gouvernement de réprimer la contestation, selon certains observateurs. guide suprêmeEn attendant, les experts voient s'amplifier les divisions entre les hauts dirigeants iraniens. « La situation actuelle affecte la position du pouvoir en place. Plus longtemps cela dure, plus grandes seront les divisions au sein de la classe dirigeante et parmi le clergé lui-même », a analysé Baqer Moin, un spécialiste iranien de l'islam vivant à Londres. Face au « guide suprême », le plus haut personnage de l'État, se tient notamment l'ancien président Akbar Hashemi Rafsanjani, un soutien de Mir Hossein Moussavi, grande figure de la révolution islamique de 1979. Rafsanjani (dont la fille a été arrêtée durant une manifestation) est à la tête de l'Assemblée des experts, qui regroupe les clercs chargés d'élire, contrôler et éventuellement limoger le « guide suprême ».Récemment réélu avec une large majorité, Rafsanjani est en bonne position pour jouer de son influence. Il dirige en outre le Conseil de discernement, qui arbitre les litiges entre organes gouvernementaux et peut aussi compter sur l'appui de l'ancien président réformateur Mohammad Khatami. Une explosion de violence peut-elle résulter du face-à-face des deux camps ? « Je ne crois pas qu'il y ait de solution sécuritaire au problème actuel. Il doit y avoir un compromis? », plaide Baqer Moin.Les grandes capitales internationales se sont relayées durant le week-end pour mettre en garde le pouvoir iranien et le dissuader de recourir à la violence. Téhéran a réagi en menaçant de reconsidérer ses relations avec la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne en raison de leurs déclarations « honteuses » sur la situation iranienne.
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