Rio Tinto accusé d'espionnage et de vol de secrets d'État par la Chine

DiplomatieL'affaire d'espionnage commercial entre le géant minier australien Rio Tinto et les groupes sidérurgiques chinois est devenue une affaire hautement diplomatique. Hier, le Premier ministre australien Kevin Rudd a mis en demeure les autorités chinoises de régler rapidement le dossier épineux de la détention d'employés de Rio Tinto en Chine, depuis le 5 juillet. Quelques jours après leurs arrestations, Canberra avait indiqué que l'un d'entre eux était retenu pour « suspicion d'espionnage et vol de secrets d'État ».Le chef du gouvernement australien s'était alors montré très clair, faisant allusion aux 56 milliards de dollars d'échanges commerciaux annuels entre les deux pays. « L'Australie a, bien sûr, des intérêts économiques significatifs dans sa relation avec la Chine, mais je veux aussi rappeler à nos amis chinois que la Chine a également des intérêts économiques en jeu dans sa relation avec l'Australie », avait-il expliqué. Une mise au point face aux résultats très médiocres. Hier, Pékin a en effet douché les espoirs de Canberra d'une résolution rapide du problème, en faisant savoir que le ministre des Affaires étrangères chinois, qui assiste cette semaine à une réunion de l'Asean en Thaïlande, n'avait pas prévu d'y rencontrer son homologue australien. Cette affaire Rio Tinto arrive en pleine négociation, très âpre, sur le prix du fer, entre d'un côté les groupes chinois, rassemblés sous la bannière de l'association des industriels de l'acier de Chine (Amac), et de l'autre les producteurs australiens Rio Tinto et BHP et le brésilien Vale, qui réalisent 70 % des exportations mondiales de minerai de fer.Peur du précédentCe coup de force est perçu par Rio Tinto mais aussi par l'ensemble de la communauté d'affaires étrangère comme une opération de déstabilisation menée par les négociateurs chinois.De nombreux groupes étrangers ont d'ailleurs déjà exprimé, sous couvert d'anonymat, leur crainte de voir se propager ce type de comportement, où les groupes chinois profiteraient de leurs liens naturels avec l'État chinois pour faire pression lors de futures négociations. Au regard de la dépendance de la justice vis-à-vis du Parti communiste, réaffirmée il y a quelques mois par l'un des principaux dirigeants chinois, l'hypothèse d'un procès équitable apparaît en effet bien peu probable.Tristan de Bourbon
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