« Le plan de relance doit être revu à la baisse »

Daniel North, chef économiste d'Euler Hermes (États-Unis)Un deuxième plan de relance est-il nécessaire ?Surtout pas. Les déficits actuels sont hors de contrôle. La moyenne des déficits publics américains entre 1960 et 2007 est de 2,1 points de PIB avec un pic à 6 points au début des années 1980. Aujourd'hui, le niveau dépasse 12 points de PIB. Cela s'explique aisément par l'ampleur de la récession américaine et ne constitue pas en soit un problème. C'est la suite qui est beaucoup plus problématique. Les simulations du Congrès font apparaître un déficit public persistant de l'ordre de 6 points de PIB à horizon 2018, une hypothèse qui propulserait la dette publique vers les 100 points de PIB.Le plan de relance actuelle vous semble donc suffisant ?Il est même trop important. Sur les 787 milliards de dollars de dépenses prévues sur six ans et demi, 60 milliards de dollars seulement ont été dépensés. De 200 à 250 milliards de dollars seront de nouveau utilisés en 2010 et 2011, ce qui est largement assez pour soutenir la croissance. Il faudrait même revoir ce plan à la baisse car la reprise de l'économie américaine est déjà enclenchée.Pour vous, il ne fait aucun doute que la reprise est là ?Absolument. Au petit jeu des lettres, la reprise qui se dessine ne sera ni en V, ni en W, ni encore en L ou U. Elle ressemblera davantage au logo de Nike, en forme de virgule. Tout d'abord, le consommateur américain n'est pas mort. Chaque récession s'accompagne d'une forte baisse de la dépense des ménages. La récession actuelle n'est pas différente, et la consommation va repasser dans le vert au troisième trimestre. Les destructions d'emplois ralentissent depuis cinq mois. Les cours du pétrole ont fortement reculé. Les prix de l'immobilier ont retrouvé leur niveau du début de la bulle en 2002 : avec la baisse des taux d'intérêt, les maisons n'ont jamais été aussi abordables, et les ventes repartent dans de nombreux États comme la Californie ou le Nevada. La normalisation de la courbe des taux d'intérêt est également un signe fort de reprise de l'économie. Enfin, la peur a quitté les marchés financiers. Les faillites d'entreprises vont certes continuer à croître, mais l'économie américaine est en train de repartir. La croissance sera autour de zéro au troisième trimestre avant de redevenir positive au quatrième.Propos recueillis par Xavier Harel
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