Les sept raisons du rebond du billet vert

Le dollar est sous-évaluéMême si le billet vert a regagné 25 % de sa valeur face à l'euro depuis son plancher absolu du 15 juillet dernier, à 1,6038, montant hier à son plus haut niveau depuis deux ans, et que son indice pondéré face aux monnaies des principaux partenaires commerciaux des États-Unis s'est revalorisé de 18 %, le dollar est encore extrêmement bon marché, au regard de l'histoire. Souvenons-nous que, en octobre 2000, il était monté jusqu'à un plafond de 0,8230 pour un euro. La force de rappel de la parité de pouvoir d'achat - la fameuse PPA qui fait office de valeur d'équilibre - joue à plein : elle se situe entre 1,10 et 1,20 dollar pour un euro, selon les paniers qui servent à l'évaluer. L'aversion au risque est maximaleLe dollar, monnaie de réserve mondiale, en est traditionnellement le grand bénéficiaire. Depuis les récents rebondissements de la crise financière, les investisseurs ont précipitamment liquidé leurs positions sur les actifs risqués et les matières premières, pétrole en tête, qui présentaient une très forte corrélation inverse avec le dollar. Les hedge funds, les fonds d'arbitrage en déroute, ont accéléré le mouvement. Les Américains rapatrient leurs capitauxSelon les derniers chiffres disponibles du Trésor américain, les investisseurs de l'Oncle Sam ont été vendeurs nets de quelque 57 milliards de dollars de titres étrangers (actions et obligations publiques et privées) en juillet et en août. C'est un record absolu depuis que ces statistiques existent. En outre, les entreprises américaines opérant à l'étranger rapatrient leurs bénéfices, profitant des dispositions fiscales qui leur offrent des réductions d'impôts importantes à cette période de l'année. Elles apportent ainsi leur écot au redressement dudollar. Les banques sont à court de dollarsLa paralysie des circuits d'emprunt auprès des banques qui bloque depuis des mois le fonctionnement du marché monétaire a provoqué une demande exceptionnellement élevée de dollars qui, avec une part de plus de 55 %, constitue de très loin l'actif en devises étrangères le plus important de leur bilan. Les banques centrales, au terme d'un accord de swap (d'échange) de devises passé entre la Fed, la BCE, la Banque du Canada, la Banque d'Angleterre et la Banque Nationale Suisse, leur prêtent main-forte. Après avoir porté de 290 à 620 milliards de dollars la facilité exceptionnelle à la disposition des institutions financières, elles ont décidé d'ouvrir leur guichet en dollars en quantité illimitée. Les bons du Trésor américains suscitent l'engouementLa ruée vers tous les titres de la dette publique américaine entraîne à la hausse tous les actifs libellés en dollars, dont le billet vert lui-même. Les banques centrales en sont particulièrement avides - japonaise et chinoise en tête de liste. Selon les dernières statistiques du Trésor américain, l'encours des " treasuries " détenu par des investisseurs étrangers a bondi de plus de 100 milliards de dollars au cours du mois écoulé. Le handicap de rendement du dollar devrait se comblerLes marchés en sont persuadés : les banques centrales partenaires des États-Unis qui ont pris du retard baisseront leurs taux beaucoup plus fort que la Fed dont la marge est désormais limitée, puisqu'elle a ramené le taux cible des fonds fédéraux de 2 % à 1,5 % lors de l'opération concertée du 10 octobre avec cinq de ses homologues. La BCE, dont le taux directeur s'élève encore à 3,75 %, a encore du champ, et c'est un boulevard qui s'ouvre à la Banque d'Angleterre, dont le taux directeur atteint encore 4,5 %, le plus haut du G7. La balance courante américaine se redresseCe déficit béant et en constante augmentation avait été le détonateur de la crise de confiance dans le dollar en 2002. Or, au moment même où se creusent les déficits des partenaires de l'Oncle Sam, celui des États-Unis enregistre une spectaculaire amélioration. Le déficit commercial s'est déjà réduit à moins de 5 % du PIB après avoir culminé à 7 %, et celui de la balance des paiements courants tomberait à 3,3 % en 2009, contre 6 % en 2006.
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