Notre ami le dollar fort

Le redressement du dollar et son corollaire, la baisse du pétrole, arrivent comme une bénédiction pour les économies européennes. Elles n'échapperont pas à l'épisode récessif déjà engagé, mais il durera peut-être ainsi moins longtemps. Le dollar plus haut, et en réalité l'euro plus bas aussi face aux autres monnaies, cela signifie que les exportations européennes gagnent en compétitivité : un gain de change de 25 % face au dollar en deux mois, qui dit mieux ? Nous vendrons plus, donc nous produirons plus ici, en zone euro. Les importations renchéries automatiquement feront une concurrence moins vive : encore un bonus pour les produits européens, qui s'écouleront mieux sur le marché intérieur. Et le repli du pétrole et des matières premières - même libellés en dollars désormais plus chers - viendra rendre du pouvoir d'achat aux consommateurs. Tout va redémarrer, alors, plus de soucis, plus de tracas ? Hélas, l'erreur de pilotage est toujours possible. Bon nombre de commentateurs jugent que la Banque centrale européenne a commis une bourde en juillet en relevant son taux directeur alors que la crise financière prenait de l'ampleur. Aujourd'hui, l'une des robustes raisons de l'affaiblissement de l'euro est la perspective de voir la BCE mener une politique monétaire plus accommodante. Le 10 octobre, dans une atmosphère de fin du monde, elle avait abaissé ses taux d'un demi pour cent, en même temps que tous les grands instituts d'émission. Il ne faudrait pas que le naturel revienne au galop et que les stratèges de la BCE se remettent à s'alarmer : le pétrole et les matières premières moins chers, c'est bon pour l'indice des prix, mais l'euro faible, attention, cela veut dire regain d'inflation ! Et si, dès lors, ils renonçaient à tout nouvel assouplissement monétaire ? Cela ne serait pas une bonne nouvelle, ni pour la sphère financière engorgée de dettes, ni pour la sphère productive confrontée au ralentissement de la demande. Pour l'instant, les signaux ne vont pas dans le sens d'un sursaut d'intégrisme. La Banque du Canada a donné le "la" en coupant d'un quart de point mardi son taux directeur. Et l'on s'attend à voir les autres instituts suivre le mouvement. Pour la BCE, ce serait le 6 novembre. En attendant, le dollar peut poursuivre son retour en grâce.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.