La débâcle des marchés émergents alimente la panique

Mauvaise nouvelle pour l'économie mondiale : les pays émergents ne sont pas immunisés contre la crise. Les marchés vont devoir arrêter de prendre leurs désirs pour des réalités : ce n'est pas, comme on a quelquefois pu l'entendre, le dynamisme des économies émergentes qui empêchera le monde de plonger dans la récession. La prise de conscience ne date pas d'hier,mais les déboires de l'Argentine, au bord du défaut de paiement, ont rappelé demauvais souvenirs. Ailleurs, sur le continent européen, six pays (la Hongrie, la Turquie, l'Ukraine, l'Islande, la Serbie et la Biélorussie) se sont déjà rapprochés du FMI. L'onde de choc s'étend du Brésil à la Russie à mesure que les investisseurs internationaux, confrontés à des retraits de fonds importants, se désengagent massivement des actions, des monnaies et de la dette émergente. La Bourse de São Paulo a automatiquement suspendu ses opérations après une chute de plus de 10%, avant de rouvrir à quelques minutes de la fermeture.Deux jours après avoir décidé de laisser leurs taux inchangés, les autorités monétaires de Budapest ont durci leur politique, de 8,5 % à 11,5 %, pour enrayer la chute du forint à son plus bas niveau historique face à l'euro. SEPT ANNÉES DE MARCHÉ HAUSSIER EFFACÉES La prime de risque sur la dette émergente a bondi à des niveaux qui n'avaient plus été vus depuis janvier 2003. Selon l'EMBI, l'indice de référence de JP Morgan, les investisseurs qui détiennent de la dette émergente exigent en moyenne une rémunération de 751 points de base, supérieure à celle des bons du Trésor américains. Et sur bon nombre de places boursières des pays émergents, on a désormais effacé sept années de marché haussier. Pour beaucoup, la crainte d'une récession mondiale prolongée a fait replonger les places financières. Il faut dire que les commentaires d'où qu'ils viennent ne sont pas rassurants. Outre-Manche, Gordon Brown et Mervyn King ont tous les deux estimé que la pire crise bancaire que le Royaume-Uni ait connue depuis la Première Guerre mondiale risquait d'entraîner "un ralentissement marqué et prolongé" de la demande domestique, tandis que, outre-Atlantique, un éminent personnage de la Réserve fédérale, Gary Stern, a estimé que le retournement économique pourrait être pire que la récession de 1990- 1991. Le CAC 40, qui avait fini en légère hausse mardi après l'annonce du renforcement des fonds propres de 6 grandes banques par l'État français, a perdu plus de 5 %. La nervosité, déjà extrême depuis le début du mois, est encore montée d'un cran. "Les indices de volatilité implicite sont quasiment tous à leurs plus hauts niveaux historiques, que l'on s'intéresse aux actions, à la dette ou aux devises", confirme René Defossez, stratégiste chez Natixis. Le VIX, qui mesure la volatilité sur le S & P 500, évoluait encore au-dessus de 60% en séance européenne. Pour se rendre compte du caractère exceptionnel de la situation, il suffit de se rappeler que, avant le 6 octobre, en dix-huit ans d'existence, il n'avait jamais dépassé le seuil de 50 % et que, entre 2004 et 2007, il était sagement resté entre 9 % et 38 %.
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