La presse écrite a trois ans pour sortir de la crise

Le président Nicolas Sarkozy a annoncé hier un plan d'aide ambitieux pour sortir la presse de la crise qu'elle traverse. Largement inspiré des propositions formulées le 8 janvier dans le livre vert à l'issue des états généraux de la presse, ce plan de modernisation s'appuie à la fois sur un nouvel arsenal d'aides d'État (cf. encadré) et sur les professionnels du secteur (éditeurs, distributeurs, syndicats, etc.) pour faire avancer d'autres dossiers.« La presse est un secteur économique », a rappelé le président « où travaillent 100.000 personnes ». Ce sont 600 millions d'euros sur trois ans, sous forme d'aides directes ou indirectes, qui seront consacrés par l'État à cette industrie.Pour « répondre à l'urgence créée par l'effondrement des perspectives publicitaires », les trois mesures préconisées par le livre vert seront mises en ?uvre. D'une part, la hausse des tarifs postaux pour l'acheminement de la presse, acceptée en juillet dernier, est reportée d'un an. D'autre part, l'État s'est engagé à doubler ses dépenses en communication (achat de publicités) vers la presse écrite, mais aussi numérique. Enfin, les kiosquiers bénéficieront temporairement d'une exonération de 30 % de leurs charges sociales.nouveau contrat socialLe message est clair, il faut « miser de toutes nos forces sur la distribution », a insisté le président. Sans toucher à la loi Bichet, qui régit la distribution de la presse dans l'Hexagone depuis 1947, Nicolas Sarkozy a souhaité remettre les kiosquiers et les diffuseurs au c?ur du processus de vente. Amélioration de la rémunération, plafonnement du nombre d'invendus et élargissement de l'assortiment, et surtout ouverture du réseau dit « supplétif » de 20.000 à 25.000 points de vente de la presse régionale aux quotidiens nationaux. Autant de mesures qu'Arnaud de Puyfontaine, ancien président de Mondadori France et chef de file du groupe de travail sur l'industrie de la presse au sein des états généraux, se trouve chargé de mettre en ?uvre dans les six prochains mois. Par ailleurs, un plan massif de développement du portage, accompagné d'une enveloppe de 80 millions d'euros d'aides directes et indirectes, sera lancé « dès le mois prochain ».La modernisation des imprimeries et la réduction de 30 % à 40 % des coûts d'impression restent les grandes inconnues. Elle doit passer par la négociation d'un nouveau contrat social dans les imprimeries de presse avec le Syndicat du Livre. Les pourparlers doivent s'ouvrir « dès la semaine prochaine ». « Sur la question des imprimeries, l'idée d'un nouveau contrat social ne nous fait pas peur », réagit Michel Muller, secrétaire général de la Filpac-CGT.Pour encourager le développement de la presse sur Internet, la reconnaissance d'un statut d'éditeur en ligne va permettre aux sites d'information comme Rue89 ou Médiapart d'accéder à certaines aides d'État. De même, certains dispositifs fiscaux seront adaptés. Un compromis a été trouvé sur le délicat sujet des droits d'auteur. Pour Nicolas Sarkozy, la solution dégagée au sein des états généraux est équilibrée. « Mais c'est un premier pas. Il faut encourager les journalistes à en faire un deuxième. » La ministre de la Culture, Christine Albanel, devrait proposer une solution législative dans « les meilleurs délais ». Cette dernière devrait aboutir à un amendement à la loi « Création et Internet » qui doit être débattue en mars au Parlement.Mais attention, précise-t-on de sources proches de l'Élysée, le renouvellement des aides de l'État reste conditionné aux avancées de la profession, notamment sur les chantiers de l'impression et de la distribution.
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