La Fiac retrouve de son éclat

Comment résistera le marché de l'art à la crise mondiale que traverse la finance ? La question était sur toutes les lèvres à la veille de l'ouverture des foires d'art contemporain d'automne, qui mènent les collectionneurs de Londres à Turin, en passant par Paris et Berlin. Les professionnels, eux, restaient particulièrement prudents.Premier indicateur, le taux des invendus en ventes publiques est en forte hausse et dépasse depuis le début du mois d'octobre les 40 %, selon la base de données Artprice. La turbulente foire d'art contemporain Frieze Art Fair de Londres a confirmé cette tendance du 15 au 18 octobre.Loin de l'ambiance frénétique habituelle de ce salon très " hype ", l'édition 2008 a été beaucoup plus calme. Seules les puissantes galeries ont été peu affectées. Telle Hauser & Wirth (Zurich, Londres) qui a aussi bien vendu une belle pièce de Louise Bourgeois à 300.000 dollars, qu'une sculpture de l'artiste spéculatif indien Sudobh Gupta à 500.000 euros. Mais la plupart des galeries ont enregistré une baisse des transactions de moitié par rapport à l'an dernier, malgré leur accrochage plus classique et moins " trash ". Dans un contexte difficile, cette foire réservée à l'art ultra-contemporain, qui misait sur les traders de la City, a logiquement été affectée par la crise actuelle.L'ambiance était tout autre à l'ouverture de la Foire internationale d'art contemporain (Fiac) à Paris cette semaine. D'abord, parce que ce salon généraliste, désormais engagé dans une nouvelle stratégie, s'appuie sur des valeurs sûres. La présence de l'art moderne, considérée par sa concurrente outre-Manche comme ringarde, est devenue un atout. Et cette année, les galeries ont frappé fort au Grand Palais.ENSEMBLE EPOUSTOUFLANTDE MARIA VIEIRA DA SILVAAinsi, Zlotowski (Paris) présente, notamment, pour 700.000 euros, un relief de Kurt Schwitters (1887-1948), sans titre, daté 1934-1937, qui a attiré l'attention de l'Art Institute de Chicago. La galerie Jeanne Bucher (Paris) a sorti le grand jeu en présentant un ensemble époustouflant de vingt toiles de Maria Elena Vieira da Silva datées de 1930 à 1991. Les prix s'échelonnent de 300.000 euros à 1,3 million d'euros pour le très beau Jeu de cartes de 1937.La galerie Georges-Philippe etNathalie Vallois a déniché la seconde affiche lacérée (1950) de JacquesVilleglé, artiste actuellement à l'honneur au Centre Pompidou. Proposée à 60.000 euros, cette pièce historique a été réservée dès le premier jour. Les temps de crise favorisent les retours à l'histoire pour les artistes contemporains. Ainsi Jonathan Monk s'attaque à du lourd dans ses tableaux, avecses reprises de la cathédrale de Rouen de Claude Monet (Lisson Gallery, Londres). Et Bertrand Lavier offre l'un de ces clins d'oeil dont il a le secret avec sa pièce en néon, déclinaison contemporaine d'un tableau de Frank Stella accroché plus loin (Hans Mayer, Düsseldorf). La Fiac a réussi à attirer de nombreuses galeries étrangères, et notamment américaines. Certaines proposent des expositions personnelles d'artistes très demandés sur le marché, comme Karen Kilimnik (303 Gallery, New York) ou lePolonais Wilhelm Sasnal (Sadie Coles HQ, Londres) dont les oeuvres font l'objet de longues listes d'attente (prix entre 30.000 et 80.000 euros).Les collectionneurs français auraient-ils changé ? " Ils sont étonnamment beaucoup plus positifs que les autres et ils sont de mieux en mieux informés ", constate Bellatrix Hubert, directrice de la ZwirnerGallery à New York, qui estime que " la qualité de la foire est excellente ". La Fiac a aussi attiré nombre de collectionneurs étrangers qui ont fait l'impasse sur la Frieze Art Fair.La galerie Chez Valentin (Paris) qui a fait le choix de la Cour carrée, réservée aux galeries plus émergentes, a ainsi vendu une pièce à uncollectionneur russe. " Il y a beaucoup plus d'énergie à Paris qu' à Londres, s'enthousiasme la galerie ommer (Tel-Aviv). Les collectionneurs viennent de partout dans le monde. La Fiac est aujourd'hui une foire très importante ", conclut-elle.L'optimisme est décidément derigueur.L'édition 2008Jusqu'au dimanche 26 octobre.Au Grand Palais, avenue Winston-Churchill, Paris 8e de 12 h à 20 h. À la Cour carrée du Louvre, rue de Rivoli, Paris 1er, de 13 h à 21 h.Dix-sept oeuvres sont également présentées aux Tuileries. Rens. www.fiac.com
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