Roy Haynes, batteur à fleur de peau

Dans un concert de jazz, le solo de batterie peut être comme la langue d'Esope : étalage de la science, roulements de caisses et effets de baguettes. Spectaculaire et exhibitionniste. Chez Roy Haynes, 83 ans, vétéran s'il en est, rompu aux ficelles du métier, la figure imposée s'apparente toujours au délice, subtil, simple, musical comme on pourra le voir lors de ses concerts au Duc des Lombards à Paris, ce week-end."Là est le génie de Haynes, rythmique par la diversité des instruments de la batterie, communicatif par le partage du bonheur de jouer", peut-on lire dans Jazz Magazine. Cette joie de jouer, Roy Haynes l'a chevillée au corps depuis le début des années 40. Dès son arrivée à New York, il se produit au Savoy, un des temples du jazz et de la danse, au sein d'un grand orchestre. L'école du swing par excellence ! Il a tout juste 22 ans quand il accompagne une des légendes du saxo, Lester Young, alias "The Prez". Son style s'étoffe au contact des jeunes révoltés du be-bop, Charlie Parker, Bud Powell, Thelonious Monk en tête. Il se fait "cool" aux côtés de Miles Davis, volcanique avec John Coltrane.Jamais assis sur des certitudes, toujours en mouvement, Roy Haynes se met ensuite "à son compte". Soucieux de transmettre sa passion du rythme et son professionnalisme sans failles, il conduit des jeunes groupes, tels Art Blakey ou Elvin Jones, ses pairs en batterie. Au final, toute l'histoire du jazz de ces cinquante dernières années, s'écoule sous ses baguettes et ses balais, ses caisses et ses cymbales.La moustache en moins, le Roy Haynes d'aujourd'hui, celui qui fit vibrer La Villette en septembre dernier lors de la remise d'une victoire d'honneur du jazz, ressemble fort au Roy Haynes qui accompagnait la divine Sarah Vaughan à Paris en 1954. Un souvenir toujours vif au coeur du jazzman, un demi-siècle après : "C'était la première fois où je faisais la couverture de "Jazz Magazine"", se souvient-il. La Ville lumière a toujours eu un faible pour ce prince de la batterie, élégant derrière ses fûts comme à la ville. Le magazine Esquire ne l'a pas classé pour rien comme parmi les hommes les mieux habillés des Etats-Unis.Au Duc des Lombards à Paris, les 25 et 26 octobre. Tél. 01.42.33.22.88. Discographie : "Whereas" ; "A life in the time : The Roy Haynes story", coffret de 3 CD et 1 DVD, retraçant sa carrière de 1949 à 2006.
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