Prévert sur tous les fronts

L'homme de la semaine, c'est lui. Jacques Prévert est sur tous les fronts. Sur les cimaises de l'hôtel de ville de Paris, tout d'abord à l'occasion de la gigantesque exposition qui lui est consacrée. Sur la scène de l'Opéra-Garnier, ensuite, où le danseur étoile José Martinez a transformé les Enfants du paradis en ballet. Normal, pour l'un des poètes préférés des Français ? Pas tant que cela.Contrairement à ce que l'on imagine, le projet d'une grande exposition sur Prévert n'a pas été simple à vendre. Lorsqu'elle propose son idée en 2005 à la Mairie de Paris, on suggère poliment à Eugénie Bachelot-Prévert - petite-fille et unique ayant droit de l'artiste - d'aller voir du côté des bibliothèques municipales. Même écho à la Cinémathèque française où l'on préfère la Nouvelle Vague à un duo Carné-Prévert soi-disant " poussiéreux ". En compagnie du spécialiste en cinéma N. T. Binh, la jeune femme reprend le dossier de zéro avec, en tête, l'idée de briser les clichés autour de son grand-père. " J'ai voulu sortir Prévert de l'école, explique-t-elle. Montrer qu'il n'était pas qu'un poète réservé aux enfants. "AGIT-PROPEn présentant, par exemple, moins de portraits de Doisneau, mais davantage de collages. Des poèmes, oui, mais sans négliger les pièces contestataires d'agit-prop. Des extraits de films, évidemment, mais là encore moins pour souligner leurs qualités esthétiques que pour mettre en évidence la critique sociale qu'ils dégagent.L'exposition qui s'ouvre aujourd'hui rend honneur aux intentions d'origine. Plus de 500 documents y sont présentés au fil d'un parcours à la scénographie très habile. Inévitablement, un large espace est consacré aux Enfants du paradis.Devant les images projetées, on comprend l'envie du chorégraphe - et danseur étoile - José Martinez d'adapter le scénario de Prévert en ballet. Les mouvements de foule vertigineux, les thèmes de l'amour et de la jalousie, l'hommage au spectacle... Le matériau est exceptionnel, mais s'attaquer à un tel monument n'est pas sans risques. Sur la scène de l'Opéra-Garnier, le chorégraphe ne réussit qu'à moitié son pari.Le scénario est (trop) bien respecté. Le rideau se lève sur un boulevard du Crime en pleine effervescence où l'on retrouve Garance, Baptiste et les autres. Mais les scènes évoquent trop directement le film et durant tout son premier acte, le spectacle peine à faire oublier son illustre modèle. C'est dans sa seconde partie - quand les grands décors tombent et que la danse s'impose face à la narration - que le ballet dégage enfin son émotion propre. Reconnaissons en tout cas l'entrain déployé par Martinez dans son projet. Sur scène ou pendant l'entracte, les surprises abondent et témoignent d'un amour vibrant pour l'art du spectacle et les artistes. Comme l'avait imaginé Prévert.Carnet d'adresseExposition " Prévert, Paris la belle " jusqu'au 28 février 2009 à l'Hôtel de Ville de Paris." Les Enfants du paradis ", jusqu'au 8 novembre, au Palais Garnier.Rens. : 08.92.89.90.90 www.operadeparis.f
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