Assemblée générale cruciale pour Kaufman & Broad

Une augmentation de capital est indispensable. Le poids de sa dette met Kaufman & Broad en grande fragilité, alors que son compte de résultat est très faible. » Samuel Henry-Diesbach, analyste financier chez Kepler Equities, pose d'emblée l'équation. Kaufman & Broad doit tenir aujourd'hui une assemblée générale extraordinaire. Principale résolution mise au vote?: relever les seuils d'augmentation de capital pour renforcer les fonds propres. Le promoteur est affecté à la fois par l'effondrement des ventes de logements neufs et par le LBO (rachat par effet de levier) qui le lie à son principal actionnaire, la société d'investissement PAI, qui a racheté Kaufman & Broad à l'américain KB Home au printemps 2007.Une source proche du dossier assure que Kaufman & Broad SA n'a pas de problème de trésorerie. En revanche, comme ses résultats se sont dégradés (au 31 août, le résultat opérationnel courant était en baisse de 38 %, à 77,2 millions d'euros et le bénéfice net de 48,9 %, à 24 millions), le promoteur fait remonter moins de dividendes à PAI. La structure de financement de rachat des titres en est amoindrie. « Le LBO a vidé Kaufman & Broad de ses fonds propres?: le promoteur a dû verser à PAI en 2007 des dividendes très élevés pour rembourser la dette contractée par PAI. S'est ajoutée la chute du marché du logement neuf, qui a entraîné une explosion du besoin en fonds de roulement, qui doit être refinancé.Le bilan de Kaufman & Broad est totalement déséquilibré au point que le gearing (ratio dette nette sur fonds propres) est indécent », martèle Samuel Henry-Diesbach. De fait, au 31 août 2008, les capitaux propres (part du groupe) étaient inférieurs à 122 millions d'euros pour une dette financière nette de 433,4 millions, à comparer à des fonds propres de 245 millions pour une dette nette de 336,4 millions un an plus tôt. Au 30 novembre 2007, les dividendes versés aux actionnaires se montaient à 126,9 millions, contre 23,1 millions un an plus tôt.haut-le-c?ur des salariésToute la question est de savoir si le promoteur aura trouvé ce week-end un accord avec ses banques pour l'aménagement de ses « covenants » (clauses de sauvegarde) et pour procéder à cette augmentation de capital. Et, en filigrane, si PAI n'est pas à son tour en difficulté dans cette affaire. La semaine dernière, Merrill Lynch et Calyon, qui avaient participé à la vente du promoteur à PAI, ne souhaitaient pas s'exprimer. « Les banques rechignent à prêter à des entreprises surendettées. Or beaucoup de LBO ont été menés sur la base de business plans assortis d'obligations de remboursement de dettes qui ne peuvent plus s'effectuer », note Benoît Faurre-Jarrosson, analyste chez Invest Securities.Guy Nafilyan, le PDG de Kaufman & Broad, va devoir aussi expliquer pourquoi lui-même et son directeur général délégué ont cédé le 27 octobre des titres pour un montant total de 2,7 millions d'euros. Un signal négatif pour les actionnaires minoritaires et qui suscite un haut-le-c?ur chez les salariés, qui ont subi un plan social.
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