Bataille pour la présidence de la fondation Monod

Un nom circule avec insistance pour succéder, le 23 janvier prochain, à l'économiste Jean-Claude Paye à la présidence de la Fondation pour l'innovation politique?: celui de Nicolas Bazire, proche d'entre les proches de Nicolas Sarkozy. L'actuel directeur général de LVMH vient, en tout cas, de faire son entrée au conseil de surveillance de la Fondation au côté de Pierre Giacometti, ancien d'Ipsos, qui conseille désormais l'Élysée comme consultant indépendant. De là à dire que les sarkozistes souhaitent mettre la main sur ce laboratoire d'idées qui, depuis sa création en 2003 par le chiraquien Jérôme Monod, n'a jamais été dans leurs petits papiers, il n'y a qu'un pas. En 2005, alors qu'il était à la tête de l'UMP, l'actuel président de la République s'était élevé contre les désirs d'indépendance de la Fondation, lui supprimant 500.000 euros de subvention versée par l'UMP et la menaçant de créer un nouveau think tank dont il aurait confié la présidence à? François Fillon.Des rumeurs qui ne font pas vraiment les affaires de l'universitaire Dominique Reynié. Ce prof à Sciences po Paris, qui est arrivé à la direction de la Fondation en novembre, souhaite la transformer en une « fondation libérale, progressiste et européenne » et recentrer ses travaux sur les sujets de société comme il vient de le faire en publiant, il y a quinze jours, une enquête sur « le travail du dimanche ». Il envisage également de coproduire des études avec la fondation Jean Jaurès, dirigée par Gilles Finchelstein, un proche de DSK, ou la fondation Robert Schumann, de filiation centriste, axée sur les questions européennes.« régulation budgétaire »Ces turbulences ne sont pas les seules à menacer les fondations politiques qui vivent principalement des subventions gouvernementales ou provenant des assemblées parlementaires. Sur les 3 millions de budget de la Fondation pour l'innovation politique, 1,7 provient des fonds de Matignon. La fondation Jean Jaurès a reçu, elle, 1,5 million de subvention du gouvernement pour un budget de 2,2 millions. Mais après une réduction de 20 % de ces montants en 2008, leurs responsables craignent de faire une nouvelle fois les frais d'une « régulation budgétaire ». D'autant que les entreprises, sollicitées pour apporter leur contribution financière, se font tirer l'oreille, récession oblige. Si, pour l'instant, 9,8 millions d'euros sont inscrits au budget du Premier ministre, rien ne l'oblige à les dépenser en totalité. « Le montant et la clé de répartition des subventions sont discrétionnaires », déplore Gilles Finchelstein. Une façon de rappeler que les payeurs sont aussi décideurs, y compris pour le choix d'un président?Patrick Coquidé
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