Et si la crise était d'abord un problème de vision?? Il y a ceux qui ont regardé ailleurs, ceux qui ont fermé les yeux, ceux qui ont vu de travers en lisant les statistiques. Figée par l'habitude, notre perception du monde économique a pris ses espérances pour la réalité et s'est fait dupe de ce qu'elle croyait être une vérité raisonnable.Rien de mieux, pour dessiller notre regard, qu'un détour par l'exposition « Une image peut en cacher une autre » (1). Accepter de se laisser berner par les trompe-l'?il de Mantegna ou de Dali, c'est l'occasion de rectifier notre regard sur le monde par la pensée. Examinons par exemple « Métamorphose II » de Markus Raetz. Posée sur un trépied, la silhouette de l'artiste Joseph Beuys, emmitouflé à son habitude dans une couverture et coiffé d'un chapeau en peau de lapin, semble contempler son reflet dans un miroir. Sauf que celui-ci donne l'ombre chinoise d'un lapin. Grâce à la magie de la perspective illusionniste, trois lectures se confrontent?: celle du conflit entre les images de l'homme et de l'animal?; celle de l'adaptation grâce au tour de magie qui fait sortir la bête du chapeau de l'homme?; celle de l'harmonie par la coexistence de l'individu et de la nature.C'est en acceptant de se laisser déborder par de telles impressions que la raison retrouve ses esprits. Qui y repère un conflit privilégie une lecture historique fondée sur l'incompatibilité des points de vue. Choisir l'adaptation ou l'harmonie, c'est au contraire adhérer à un ensemble de valeurs, tout en sachant qu'on en est aussi forcément captif. Soit les deux manières philosophiques d'utiliser la perspective pour réfléchir. L'erreur n'est pas de s'abandonner aux illusions, mais de refuser, au nom d'une transparence qui n'existe pas, ce qui constitue, selon Nietzsche, « la matrice de la connaissance ». (1) Galeries nationales du Grand Palais, Champs-Élysées, du 8 avril au 6 juillet 2009.La revanche des apparences

latribune.fr

12 Mai 2009, 1:37

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