La crise financière rebat les cartes du classement des banques privées

Nous n'avons pas cherché à grossir trop vite. Notre stratégie est celle d'une banque privée à la recherche d'une croissance organique, progressive et prudente. » Ces propos du directeur de Credit Suisse Banque Privée en France, Hervé de Montlivault, sonnent comme un clin d'?il à son concurrent historique, UBS. Car, s'il y a un enseignement à tirer du classement des plus grands gestionnaires de fortunes mondiaux à l'issue des résultats du premier trimestre, c'est bien la résorption de l'écart entre Credit Suisse et UBS en termes d'actifs sous gestion. Fin 2007, UBS gérait 300 milliards d'euros de plus que Credit Suisse. Aujourd'hui ? Seulement 114,6 milliards d'euros les séparent. L'année dernière, plus de 100 milliards de francs suisses ont été retirés des caisses d'UBS. La faute à la série de scandales qui ont frappé la banque : crise des subprimes, affaire Madoff, scandale fiscal aux États-Unis. « Au début de la crise, UBS était parvenue à préserver son image de marque, raconte Christophe Tadié, associé spécialiste de la banque privée chez Bain & Company. Mais, au fur et à mesure que les conséquences de la crise s'accumulaient, la confiance dans la banque s'est étiolée. » Résultat : ses concurrents en ont profité. lame de fond à l'horizonCredit Suisse, d'abord, qui a enregistré une collecte nette de capitaux de 50,9 milliards de francs suisses en 2008 et de 11,4 milliards au premier trimestre de cette année. Mais aussi les banques privées familiales, à l'image de Pictet. Toutefois, même Credit Suisse et les petites boutiques ne sont pas à l'abri de la lame de fond qui se profile. « Les effets de la remise en question du secret bancaire suisse ne sont pas encore visibles dans leurs comptes, observe Christophe Tadié. Mais les clients savent que le processus engagé est inéluctable. Un rapatriement des capitaux est maintenant possible. » Et ce mouvement, qui donne aujourd'hui des sueurs froides aux gestionnaires de fortune suisses, devrait faire les affaires de leurs concurrents internationaux, « comme Singapour », plus à l'abri des pressions internationales. En revanche, « l'effet devrait être assez limit頻 pour les Américains, dont « la clientèle est surtout basée aux États-Unis », d'après Christophe Tadié. Pourtant, c'est outre-Atlantique que se trouvent les plus gros gestionnaires de fortunes du monde. Parmi les cinq premiers, trois sont américains. Cette année, Bank of America est passée en tête grâce à l'absorption de Merrill Lynch. Citi, qui a largement souffert de retraits massifs et des effets de marché, a perdu plus de 300 milliards d'euros d'actifs sous gestion et a été rétrogradé à la deuxième position.
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