La Russie menacée par une « avalanche » de créances douteuses

Il y a un mois environ, la Banque mondiale avait évoqué « un tsunami silencieux ». Mais depuis peu, la vague ne cesse d'enfler. Le risque de voir le nombre des sociétés proches ou en défaut de paiement grandit en Russie et préoccupe de plus en plus les sociétés de gestion. Car si, en mars, l'institut international estimait à 10?% environ le taux de ces créances douteuses par rapport à l'ensemble des crédits totaux d'ici à la fin de l'année, plusieurs établissements bancaires pensent que le seuil s'établira bien au-delà. Les analystes d'Unicredit évoquent, par exemple, le risque de voir s'abattre sur cette économie une « avalanche » de prêts à risque, et évalue leur part à 20?% (contre 9,8?% précédemment) d'ici à la fin de l'année. De son côté, le consensus établi par l'agence Bloomberg ? après avoir mené une enquête auprès de 17 analystes ? ressort à 12,8?%, pour l'équivalent de 70 milliards de dollars, soit quatre fois plus que le montant évoqué en mars, à 3,2?%. « Il y a fort à craindre que les montants estimés par les analystes ne soient en deçà de la réalit頻, a également indiqué hier le stratège en chef de la banque d'investissement VTB Capital, « si tel est le cas, et si ces chiffres viennent s'ajouter à de mauvais chiffres économiques, les marchés pourraient à nouveau être fortement chahutés ». Selon lui, « les fonds d'actions russes pourraient être soumis à de violents retraits de capitaux ». Et ce, d'ici cet automne. Comme le précise German Gref, président de Sberbank, le pic en termes de mauvaises créances pourrait, en effet, être atteint entre les mois de février et août, époque à laquelle un grand nombre d'entreprises russes vont devoir faire face à leurs échéances, à hauteur de 109 milliards de dollars. « Si le taux des créances douteuses atteint 20 %, l'État sera contraint d'injecter 15 milliards de dollars dans les banques, estime German Gref, si c'est 25 %, le montant estimé devrait être de 40 milliards?! » Conséquence, en vue de couvrir ces créances risquées, Sberbank, tout comme la banque VTB, ont indiqué avoir été contraintes d'accroître sensiblement leurs provisions. Les résultats devraient en souffrir. Au quatrième trimestre, les analystes tablent déjà, pour Sberbank, sur une chute de 83 % du résultat net. Pour l'heure, la bonne tenue des cours du pétrole a néanmoins occulté une partie de ces mauvaises nouvelles. Et les investisseurs se sont montrés peu réceptifs aux signaux inquiétants. Sur la semaine du 15 avril, les fonds d'actions russes auraient même, selon le bureau de recherches EFPR, attiré jusqu'à 23 millions de dollars de capitaux nets. des flux positifs pour la cinquième semaine consécutive. De fait, l'indice RTS gagnait encore vendredi 31,5 % depuis janvier. Et le Micex, près de 49 %.
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