Malgré la crise, la progression des arrêts maladie s'accélère

Traditionnellement, en période de chômage, la courbe des arrêts maladie baisse. Face à des problèmes de santé bénins, les salariés ont tendance à renoncer à certains arrêts de courte durée, « par crainte d'un risque de perte d'emploi », alors que le chômage « n'influence pas de manière significative », les arrêts de longue durée, note une étude de la Drees (ministère de la Santé et du Travail) de septembre 2007. Pourtant, alors que la masse salariale a ralenti dès la mi-2008 et s'est effondrée depuis le début de l'année, les indemnités journalières prises en charge par la Sécurité sociale pour les arrêts de travail sont en hausse constante, et cette progression va en s'accélérant. Au premier trimestre 2009, les versements d'indemnités journalières (IJ) ont bondi de 6,4 %, et restent un des postes de dépenses les plus dynamiques, selon les statistiques que vient de publier la Caisse nationale d'assurance-maladie (Cnam).Le mouvement de hausse remonte en fait à la mi-2006, mais la courbe s'est fortement redressée l'an dernier (voir graphique) puisque l'assurance-maladie a constaté une augmentation des indemnités journalières de 5,4 % pour l'année 2008 (par rapport à 2007), la prise en charge atteignant alors 7,9 milliards d'euros. Si bien que le niveau des indemnités journalières dépasse désormais nettement, en valeur, le pic atteint en 2003-2004, qui a précédé l'application de la réforme de l'assurance-maladie.mise sous tutelleDepuis cette réforme, la Cnam a intensifié sa politique de contrôle, première cause du mouvement de reflux des arrêts de travail entre 2004 et 2006. Elle a ciblé les assurés qui multipliaient les arrêts de courte durée, a contrôlé systématiquement des arrêts de plus de 45 jours et a mis sous entente préalable les médecins repérés pour prescrire de façon inconsidérée. La mise sous tutelle des 44 plus gros prescripteurs d'arrêts maladie en 2006 avait d'ailleurs généré 23 millions d'euros d'économies. Plus globalement, l'ensemble des médecins ont été incités à prescrire moins d'arrêts, dans le cadre de la politique de « maîtrise médicalisée » (baisse du volume des prescriptions d'IJ et de certains types de médicaments contre une revalorisation des honoraires). Mais cette politique marque aujourd'hui le pas, même si l'assurance-maladie poursuit sa politique de contrôles. « L'assurance-maladie aurait pu utiliser davantage la mise sous entente préalable des médecins », note un proche du dossier, avant d'expliquer que « dans les PME, dans un contexte économique difficile, certains employeurs peuvent encourager leurs salariés à solliciter des arrêts de travail pour éviter le recours au chômage partiel ». La Drees souligne également que les chômeurs ont plus recours que les actifs à des arrêts de longue durée, en raison de leur moins bon état de santé, mais aussi parce que les IJ de longue durée peuvent « permettre une prolongation de la durée d'indemnisation du chômage ».
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.