La Fed tente de déminer les marchés de taux

C'est dans une position particulièrement inconfortable que Ben Bernanke a présidé hier la réunion de la Réserve fédérale américaine. Conseil qui s'est soldé par le maintien du taux directeur dans la fourchette historiquement basse de 0 % à 0,25 % et la confirmation du programme d'achats de titres de la dette publique de 300 milliards de dollars, décidé en mars dernier.La posture délicate dans laquelle se retrouve le patron de la Fed n'aurait aucune raison d'être si les États-Unis et la rapacité de leurs banques n'avaient pas été à l'origine de la crise internationale la plus grave depuis la grande dépression. Il se trouve que le mandat de quatre ans du successeur d'Alan Greenspan, dont la longévité (près de dix-huit ans) à la tête de la Fed reste légendaire, expire le 31 janvier prochain. S'il est très rare qu'un président de la banque centrale américaine n'effectue pas au moins deux mandats, des noms circulent déjà ? notamment celui de Larry Summers, actuel chef des conseillers économiques de la Maison-Blanche ? pour remplacer le pilote républicain de l'institution qui n'a pourtant pas démérité. Bernanke se retrouve sous le coup d'une triple accusation : celle d'avoir forcé Bank of America à racheter Merrill Lynch en décembre, alors qu'il cherchait avant tout à préserver le système financier de l'Oncle Sam ; celle de vouloir doter la Fed d'un pouvoir excessif sur la régulation du système bancaire ; enfin, celle d'avoir une responsabilité dans la remontée des rendements à long terme, cette partie essentielle de la courbe des taux où se finance la majeure partie de l'économie.réel dangerCar en dépit du programme de rachat d'emprunts d'État, destiné à les maintenir sur leurs planchers historiques, les taux à 10 ans ont quasi doublé depuis fin 2008, passant d'un point bas de 2 % à un plafond récent de 4 % avant de revenir vers 3,70 %. Cette tension constitue un réel danger pour la reprise encore balbutiante de l'activité et trouve son origine dans les anticipations de sortie rapide de la politique de taux zéro. C'est sur ce terrain et sur celui-là seulement que les sages de la Fed pouvaient agir hier. En cette phase de statu quo monétaire forcé, qui fait suite au cycle d'assouplissement monétaire le plus agressif de l'histoire, c'est par la communication que la banque centrale se devait de déminer le terrain. C'est ce à quoi elle s'est attelée en s'engageant à nouveau et avec davantage de pugnacité à maintenir les taux à un niveau extrêmement bas pendant une période prolongée, indiquant que le rythme très modéré de la reprise attendue de l'activité constituait un gage de modération de l'inflation, au moment où resurgissent les craintes de retour de « l'hydre hideuse ».
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