Entre Kunming et le Vietnam, les ethnies minoritaires mainti...

Au c?ur de la Chine des champsLa Chine des villes se plaît à éliminer les traces de son passé. Men Shen (*) soit loué, il en va autrement dans la Chine des champs. Et c'est au Yunnan que cette ruralité préservée permet le plus aisément de voyager dans le temps. La vie dans les villages au sud de Kunming, la capitale du Yunnan, n'est certes plus la même que du temps où les Français avaient doté la province d'une voie de chemin de fer la reliant à Hanoi. Mais sur les costumes des femmes yi ou yao descendues de leur village pour faire leur marché, les piastres de commerce indochinoises servent toujours de fibules. Si ces pièces sont authentiques, les autres bijoux n'ont de l'argent que l'apparence. Même ici, les femmes redoutent de se faire voler dans ces bourgs où de multiples ethnies se côtoient. Sur le marché, les pickpockets se montrent pourtant discrets. « S'ils sont pris en flagrant délit, ils se font lyncher avant que la police n'arrive », explique Ivan, un Français qui vit à Kunming depuis cinq ans. Des cris stridents se font entendre. Personne ne s'en émeut. Moyennant 250 yuans (25 euros), des paysans emmènent le porcelet noir qui, lorsque son ventre touchera le sol, viendra agrémenter leur repas. Tenus en laisse par leurs nouveaux propriétaires, ils couinent, refusant de quitter leurs frères et s?urs. Non loin, un marchand venu du Nord pour vendre une lotion miracle, censée soigner tous les maux, débite sa salade, micro collé à la bouche. immuable en apparenceÀ quelques petites touches technologiques près, l'ambiance des marchés entre Jinping et le Vietnam semble immuable. Enfant ou panier tressé sur le dos, les femmes font leurs emplettes laissant les hommes fumer le tabac que le marchand leur fait goûter. Leurs mains expertes sont dévolues au tri des feuilles séchées, mais il n'est pas dans les traditions qu'elles touchent aux pipes à eau en bambou typique de cette région au tabac réputé.À l'heure du retour au foyer, Hanis, Yis, Miaos, Yaos et Daïs s'entassent dans d'inclassables véhicules de transport collectif. Les voisins rentrent à pied. À la route encombrée d'antiques camions crachant leur fumée noire, elles préfèrent les petits chemins qui serpentent entre les rizières. Les touristes viennent de loin pour photographier celles de Yuanyiang, plus connues pour leur splendeur au coucher du soleil que pour la qualité de leur production. Mais il faut aussi s'attarder dans les villages, perchés sur le haut des crêtes. Toits de chaume et murs en bois ou en brique crue, les maisons se laissent peu à peu envahir par le confort moderne. Le téléviseur occupe une place centrale dans des foyers où les enfants ne sont pas contingentés. En Chine, les minorités ethniques ne sont pas astreintes au quota.À une heure de route, des piliers ont émergé dans la vallée. Une nouvelle ligne de train rejoignant le Vietnam verra bientôt le jour. Déjà, plus au nord, les Chinois des villes affluent lorsque fleurissent les lotus sur les lacs de Puzhehei. Ils viendront bientôt, en masse, se faire photographier aux côtés d'une Yao, bonnet rouge pointu et crâne partiellement rasé, d'une Alu à la coiffe finement brodée ou d'une Miao ayant pris soin de ne pas froisser sa robe aux mille plis. Leurs traditions millénaires auront alors du mal à cohabiter avec un folklore de pacotille. n (*) Dieu des portes, dans la tradition chinoise, qui protège contre les mauvais esprits et les influences néfastes.vacances de rêve/dans le yu
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