Thomson donne de l'indépendance à Technicolor

Grand chantier d'automne chez Thomson. En place depuis le 1er septembre, le nouveau directeur général du groupe français d'électronique en difficulté, Frédéric Rose, procède à une série de réorganisations, préfigurant peut-être un désengagement des services. Ainsi, a-t-il entrepris de redonner vie au nom Technicolor. Une première étape a été franchie fin septembre. La division services, qui passe de cinq à quatre départements, a été rebaptisée Technicolor afin de « souligner la valeur de la marque », explique un document interne. Deuxième étape marquant une plus grande prise d'indépendance de Technicolor, la modification de la messagerie des salariés. Entre le 19 novembre et le 11 décembre, toutes les adresses Internet des salariés de cette division de services à l'industrie du cinéma troquent le suffixe thomson.net pour celui de technicolor.com.nominationsUn changement interprété par certains comme le prélude à une cession?: « C'est le ruban du paquet en vente dans la vitrine », indique-t-on en interne. Cela signerait le recentrage vers les télécoms. En ce sens, Thomson a nommé au poste de directeur général Frédéric Rose, transfuge d'Alcatel-Lucent, un choix qui semble inspiré par Didier Lombard, patron de France Télécom et membre du conseil d'administration de Thomson. Autre indice d'une éventuelle réorientation vers les télécoms, l'embauche début novembre de Stéphane Rougeot, ex-directeur du contrôle de gestion de France Télécom, au poste de directeur financier du groupe, en remplacement de Julian Waldron, parti chez Technip. Thomson nous affirme que Technicolor n'est pas à vendre.Technicolor a été racheté fin 2000 pour 2 milliards de dollars, afin de permettre à Thomson, désireux de se débarrasser de la télévision à tube cathodique, de conserver sa taille en chiffre d'affaires. « C'était une idée de Frank Dangeard. Une idée étrange, car c'était une entreprise de services à destination des studios américains, spécialisée dans la duplication VHS et l'acheminement de bobines de films, basées sur de gros volumes et de faibles marges », explique un ancien cadre du groupe. Avec le DVD, Technicolor connaît l'âge d'or. Thomson y a trouvé sa « machine à cash ».Mais la technologie arrivant en fin de cycle, les ventes ont reculé de 8 % au premier semestre, tandis que le résultat d'exploitation est tombé dans le rouge à hauteur de 34 millions d'euros. En outre, « Thomson n'a jamais réussi à intégrer cette société. L'erreur a été de ne pas en changer son management », affirme un ancien. Dans le secteur très concurrentiel de l'équipement télécoms, qui privilégie les économies d'échelle, un ancien dirigeant du groupe considère que le salut de Thomson passerait par le rachat par un concurrent de plus grande taille. En 2005, Cisco aurait déjà approché Thomson, mais se serait découragé en raison des tubes toujours présents dans les actifs du groupe.
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