Les turbulences continuent d'affecter les marchés boursiers, pétroliers, où le prix du baril s'enfonce et obligataire, où les spread explosent. Mais il se passe quelque chose de bizarre sur celui des changes, le plus gros du monde, où s'échangent quotidiennement quelque 4.000 milliards de dollars. Depuis maintenant un mois, les parités des grandes monnaies sont figées dans d'étroites fourchettes de transactions après avoir, elles aussi, connu des décalages historiquement forts l'été dernier et au début de cet automne. Vous avez dit bizarre ?Certains voient dans ce phénomène les prémices d'une stabilisation des autres marchés. Comme le dit le proverbe boursier, les arbres ne montent pas jusqu'au ciel, et si le proverbe ne le dit pas, leurs racines ne descendent pas non plus jusqu'en enfer. Les soubresauts récents du marché des changes donnent crédit à cette thèse. Ainsi, jusqu'au 15 juillet dernier, date où il a pulvérisé son dernier record de faiblesse face à l'euro à 1,6038, le dollar semblait condamné à poursuivre sa descente aux enfers. Défiant les lois de la gravitation, il a depuis lors regagné jusqu'à 29 % de sa valeur face à la monnaie unique et oscille depuis le 24 octobre dernier entre 1,24 et 1,29, cette fourchette s'étant encore réduite récemment, avec un pivot axé autour de 1,26. Le yen, qui lui aussi s'enlisait dans un tonneau sans fond, a regagné 45 % de sa valeur face à l'euro depuis son record de faiblesse de l'été à 169,95, pour remonter jusqu'à près de 113. Par rapport au dollar, la monnaie japonaise s'est ressaisie de 20 %, retrouvant ses meilleurs niveaux depuis treize ans. Carrément en perdition, un bateau ivre nommé livre sterling cédait 45 % face au dollar, pour retomber à son plus bas niveau depuis six ans le mois dernier, à 1,45, tandis qu'elle enfonçait un point bas de tout temps vis-à-vis de l'euro à 0,8635. Son indice pondéré face aux monnaies des principaux partenaires commerciaux de la Grande-Bretagne chutait à un plancher de treize ans.stabilité durableDepuis, même si des foyers de tensions persistent ? notamment sur le rouble et plusieurs monnaies émergentes ? le marché des changes est redevenu étale. Et si l'on en croit les stratèges, le retour au calme est là pour durer. Selon les 60 spécialistes interrogés par l'agence Reuters, l'euro n'est pas prêt à relancer une attaque sur le dollar. Leur prévision médiane fait ressortir une parité de 1,27 pour le couple euro-dollar d'ici à un mois et de 1,25-1,26 d'ici trois mois, contre respectivement 1,37 et 1,32 lors de la précédente enquête mensuelle. Concernant le yen, les mêmes experts croient à une stabilisation à court terme puis à une légère remontée du dollar qui refranchirait le cap de 100 d'ici douze mois. Enfin, la livre sterling se maintiendrait dans les eaux actuelles avant de remonter vers 1,60 dollar fin 2009.Isabelle Croizard

latribune.fr

08 Déc 2008, 12:27

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