« L'idéal serait la création d'un produit d'épargne paneuropéen avec des mesures fiscales adaptées »

« La Tribune ». Quels sont les objectifs de ce think tank ?Jean-Baptiste de Franssu. Les neuf recommandations issues de ce groupe de réflexion ne sont pas une réaction à la crise de ces dernières semaines mais s'inscrivent dans une approche de long terme. L'idée est de promouvoir la gestion pour compte de tiers et de développer le rôle économique et social de cette industrie, principalement dans le débat sur l'épargne de long terme. Dominique Carrel-Billiard. En termes de timing, cette étude tombe plutôt bien, puisque cette année ont lieu les élections européennes et la réforme de la directive UCITS 4 arrive à son terme.L'adoption par le Parlement européen de la réforme de cette directive doit vous satisfaire.J.?B. de F. : Absolument. Nous militons d'ailleurs pour son « implémentation » le plus rapidement possible même si la question, entre autres, du passeport des sociétés de gestion n'est pas une chose simple à mettre en ?uvre. Mais cela ne doit pas nous empêcher de continuer à réfléchir sur des points non traités dans cette directive, comme la fonction du dépositaire, la question de la liquidité des OPCVM et leur valorisation.D. C.?B. : C'est à notre industrie d'agir si nous voulons que les OPCVM soient mieux utilisés, notamment dans le cadre de l'épargne de long terme c'est-à-dire la retraite, voire la dépendance. L'industrie de la gestion d'actifs doit se prendre en charge, faire des propositions et ne pas attendre que cela vienne des régulateurs.La crise des dernières semaines a mis en avant le rôle du régulateur. La poursuite de son intégration au niveau européen est-elle nécessaire ?D. C.?B. : Avant l'éclatement de la crise, quasiment personne ne faisait référence au risque de liquidité car tout allait bien. Aujourd'hui, c'est devenu une réalité. Or, on constate que les mesures prises en prévention comme les gates, les « swing pricing » (valeur liquidative ajustée au prix acheteur ou vendeur au lieu du prix de marché) sont couramment utilisées au Luxembourg mais pas en France.J.?B. de F. : Il ne peut y avoir de marché de capitaux ou de marché de fonds unique européen sans une plus grande intégration du rôle et des responsabilités du régulateur. La question est de savoir jusqu'où pousser le mandat du CESR dont les pouvoirs sont assez limités.L'épargne longue est au c?ur de votre étude. Pourquoi est-il important de la réhabiliter ?D. C.?B. : On s'en était un peu détourné ces dernières années avec la baisse des taux d'épargne dans certains pays comme le Royaume-Uni, mais aussi avec une concurrence accrue des produits de court terme. Son développement est primordial pour l'économie européenne. L'allongement de l'espérance de vie implique des besoins pour financer les retraites, voire la dépendance. Cela pose la question du rendement des investissements gérés. Ce dernier doit être le plus élevé possible avec un coût le plus bas possible. La directive UCITS 4 va permettre la réalisation d'économies d'échelle grâce à la fusion transfrontalière des produits, les fonds maîtres-nourriciers et le passeport des sociétés de gestion. Ces réductions de coûts devront aussi profiter aux clients.En quoi les fonds UCITS constituent-ils un produit de développement de l'épargne longue ?J.?B. de F. : L'expérience montre en Europe que l'on passe souvent par la création d'un nouveau produit pour répondre aux besoins d'épargne longue. Or, avec les fonds UCITS, on dispose probablement déjà du produit ? ou du réceptacle ? le plus efficient pour cela. Les fonds UCITS sont en effet solidement réglementés à l'échelle européenne, transfrontaliers et facilement adaptables à des solutions d'épargne à long terme. L'idéal serait bien évidemment la création d'un produit d'épargne paneuropéen accompagné de mesures fiscales adaptées pour les investisseurs de long terme, reposant sur ce réceptacle qu'est le UCITS.Cela pose la question de l'éligibilité des actifs...D. CB. : En effet. UCITS est une enveloppe juridique. On ne peut pas y mettre tous les actifs. Il faut donc trouver une solution pour les classes alternatives en général afin de pouvoir en mettre dans les portefeuilles avec la même sécurité que des produits classiques. Des progrès en termes de contenu de l'offre, de visibilité et de compréhension pour le client.La compréhension passe donc par l'éducation financière...J.?B. de F. : L'éducation financière est notre première recommandation. L'éducation des investisseurs est un besoin important en Europe. Il y a un retard très important entre les besoins et les moyens engagés, déployés. L'industrie de la gestion d'actifs, aux côtés de la Commission européenne, des gouvernements, des régulateurs, a un rôle à jouer en améliorant le niveau de connaissance financière des citoyens européens. Notre groupe de réflexions propose la création d'une fondation éducative, financée pour partie par l'industrie, et dont le rôle serait de promouvoir à travers l'Europe des programmes spécifiques sur la nécessité de l'épargne longue.D. C.?B. : Il est aussi important de mieux faire connaître notre métier en améliorant la communication, en définissant précisément nos objectifs et ce que nous représentons.Ces dernières années, il y a eu quelques dérives avec la distribution de certains produits. Ne faudrait-il pas mieux encadrer cette activité ?J.?B. de F. : La problématique de la distribution des produits est un sujet sur lequel historiquement peu de pays ? et notamment la France ? ont travaillé. Nous recommandons de développer une charte de bonne conduite entre les fournisseurs et les distributeurs de produits financiers. Les adhérents pourraient se voir attribuer un label de distribution. L'objectif étant de conseiller, proposer le produit correspondant le mieux aux attentes et aux besoins des clients finaux.D. C.?B. : Cela impose de renforcer le lien entre les investisseurs et les distributeurs. Notre profession est fortement intermédiée depuis quelques années avec, notamment, l'émergence des plates-formes de distribution. On ne sait pas toujours à qui on vend un produit quand c'est un particulier, à la différence des institutionnels avec lesquels nous traitons directement. Il ne faut pas perdre la relation avec les clients. Cela contribuera à retrouver la confiance et à redorer l'image de l'industrie. nle point de vue de Deux dirigeants de sociétés de gestion La distribution des produits est un sujet sur lequel historiquement peu de pays ? notamment la France ? ont travaillé. » Jean-Baptiste de FranssuC'est à notre industrie d'agir si nous voulons que les OPCVM soient mieux utilisés. » Dominique Carrel-Billiard
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