Essai nucléaire : Pyongyang condamnée de Washington à Pékin

criseLe nouvel essai nucléaire souterrain auquel a procédé la Corée du Nord hier matin et ses tirs de missiles de courte portée ont déclenché un tollé international. « Les tentatives de la Corée du Nord de développer des armes nucléaires, ainsi que son programme de missile balistique, représentent une menace pour la paix et la sécurité internationale », a réagi Barack Obama, le président américain, estimant que cette menace « appelle à une action de la communauté internationale ». Même ton en Europe, où le diplomate en chef de l'Union européenne, Javier Solana, a souhaité « une réaction ferme ». Voisins proches de la Corée du Nord, Séoul et Tokyo ont chacun invoquer le Conseil de sécurité de l'ONU, le premier pour qu'il prenne « des mesures appropriées » et le second pour qu'il se réunisse d'urgence, ce qui devait être effectif hier soir. Seul pays en mesure d'influencer le leader nord-coréen, Kim Jong-il, la Chine a observé un long silence avant de déclarer qu'elle « s'oppose résolument » à ces essais et d'appeler son voisin à revenir à la table des négociations.Mais que peut faire la communauté internationale contre cet État dictatorial et isolé d'à peine 22 millions d'habitants et dont l'économie, affaiblie depuis l'effondrement de l'empire soviétique, pèse à peine 26 milliards de dollars ? Depuis le 5 avril dernier, date du précédent tir de fusée balistique condamné par l'ONU au nom des résolutions de 2006, la Corée du Nord a stoppé sa coopération avec l'Aiea, annoncé la réactivation de ses installations nucléaires et s'est retirée des pourparlers à six (États-Unis, Chine, Japon, Russie?), instauré il y a six ans pour dissuader Pyongyang de poursuivre son programme nucléaire en échange d'une aide énergétique.capacité de nuisanceL'État renégat défie le monde depuis plus de vingt ans. Et les sanctions qu'il lui inflige depuis octobre 2006, lorsque Pyongyang procéda à son premier essai nucléaire, ne changent rien. L'essai d'hier, qui reste à confirmer, « marque la volonté de la Corée du Nord de rappeler son existence à Washington, qui la délaisse au profit de l'Irak ou l'Iran », explique Pascal Boniface, directeur de l'Iris. Pyongyang veut négocier directement avec Washington, afin de monnayer sa capacité de nuisance. Surtout depuis l'arrivée au pouvoir du président sud-coréen Lee Myung-bak, dont la politique vis-à-vis de son frère ennemi est moins accommodante que celle de ses prédécesseurs. « Faut-il lier l'attitude de Pyongyang à la crise de succession que connaît le régime, depuis les problèmes de santé de Kim Jong-il », s'interroge aussi Pascal Boniface. Elle pourrait en tout cas expliquer l'impatience et l'agressivité croissantes des dirigeants nord-coréens.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.