La prudence d'Angela Merkel irrite aussi son propre camp

La position d'Angela Merkel devient inconfortable. Après ses partenaires européens, les économistes et la presse, c'est dans son propre camp politique que fusent désormais les critiques sur sa gestion de la crise économique. Ce week-end, la CSU, la s?ur bavaroise de la CDU d'Angela Merkel, a exigé une baisse notable des impôts « pour les revenus moyens et modestes ». Une exigence reprise au sein même du gouvernement par le ministre CSU de l'Économie, Michael Glos. Du coup, dans la CDU, des dents ont commencé à grincer. Devant ces pressions, Angela Merkel a tenu bon et s'est appuyée sur ses partenaires sociaux-démocrates. Le SPD a rejeté comme « peu raisonnable » la demande de la CSU tandis que son ministre des Finances, Peer Steinbrück, se veut toujours le garant de l'orthodoxie budgétaire. Du coup, la chancelière a passé un accord avec son adversaire déclaré lors des élections de 2009, Franz-Walter Steinmeier : en janvier, on étudiera si de nouvelles mesures de soutien à l'économie sont nécessaires et possibles.En fait, la relance outre-Rhin est un vrai casse-tête. Le détail du PIB du troisième trimestre publié hier l'a montré : la baisse de 0,5 % s'explique par la contribution négative de 1,7 point du commerce extérieur et du ralentissement des exportations. La demande intérieure a, elle, une contribution légèrement positive, notamment grâce aux ménages. consommation positiveLa confiance des consommateurs calculée par GfK a encore augmenté hier et la contribution pourrait donc être positive aussi ce trimestre. Mais sans empêcher la poursuite de la contraction du PIB en raison de la part dans la richesse allemande des exportations et des investissements qui en sont dépendants. La situation allemande n'est donc pas celle des États-Unis ou de la Grande-Bretagne, où la consommation est à la peine. Berlin ne peut pas stimuler la demande mondiale, donc les investissements des entreprises. Quant à relancer encore la consommation, ce peut être un piège. D'abord parce que les chiffres du troisième trimestre ont montré que cette demande des ménages a contribué à accroître les importations et ensuite parce que les Allemands épargnent beaucoup. Hier, le réseau bancaire BVR indiquait que le taux d'épargne sera de 11,3 % en 2008 contre 10,8 % en 2007. Et les menaces sur le marché de l'emploi pourraient renforcer cette tendance. Les efforts de l'État pour stimuler la consommation pourraient donc bien finir dans des bas de laine, sans stopper le recul du PIB. Bref, si Angela Merkel est prudente, c'est aussi parce qu'elle n'a pas le choix. Romaric Godin, à Francfort
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