Les résultats ébouriffants de la vente Saint Laurent

Crisis?? What crisis?? » Le titre de cet album de Supertramp sied aux résultats extraordinaires de la collection de Pierre Bergé et Yves Saint Laurent par Christie's les 23, 24 et 25 février. Avec un total de 373,9 millions d'euros, cette dispersion fleuve a montré que le marché est toujours vivace pour la grande qualité, la grande décoration ou les grands pedigrees.La première soirée, dédiée à l'art moderne, a aligné sept records pour des De Chirico, Matisse, Duchamp ou Mondrian, ainsi que deux préemptions par le musée d'Orsay et une par le Centre Pompidou (lire l'encadré). Dans le choc des titans, Matisse a mis Picasso KO. Acheté par le courtier Franck Giraud, le tableau très décoratif des « Coucous tapis bleu et rose » du premier a atteint le record de 35,9 millions d'euros (frais compris). En revanche, la composition cubiste du maître andalou est restée sur la touche sur une estimation de 25 millions d'euros. La sculpture en bois atypique de Brancusi n'a pas déçu les prévisions en décrochant 29,18 millions d'euros. « Cela donne le signal que le marché est plus sélectif, le regard plus prudent, indique Thomas Seydoux, spécialiste chez Christie's. Mais le Matisse et le Brancusi n'auraient pas fait plus voilà deux ans. »La surprise n'a guère cessé le lendemain avec une vente d'Art déco engrangeant 59,1 millions d'euros et 12 records. La plus haute enchère (21,9 millions d'euros) est revenue au fauteuil aux Dragons d'Eileen Gray, acquis par la galeriste parisienne Cheska Vallois pour l'un de ses collectionneurs. En 1971, elle avait vendu le siège autour de 15.000 francs. Autre temps, autre prix?! « Lorsque j'ai acheté en 2006 lors de la vente Dray la paire de jardinières de Rateau pour 4,5 millions d'euros, tout le monde a dit que c'était un prix de fou. À l'époque, j'ai dit que ce n'était que le début de ce genre de prix-là.fétichismeLes objets mythiques n'auront pas de prix à l'avenir », confie Cheska Vallois. La paire de grands vases de Jean Dunand, qui à la fin des années 1960 valait autour de 7.500 francs, n'a pas non plus démérité avec 3,08 millions d'euros. La griffe d'Yves Saint Laurent a aussi hissé les pièces décoratives de Cheuret ou Lalanne.Le chapitre des objets d'art et de l'orfèvrerie n'a pas été en reste. La galerie Kugel a ainsi emporté pour 853.000 euros une coupe de 1649 par Christoph Uder, estimée initialement à 100.000 euros. Plus surprenant, le succès des tableaux et dessins anciens, une section qui ne comptait pourtant aucun chef-d'?uvre. Malgré tout, le portrait d'homme pas très emballant de Frans Hals s'est propulsé à 3,5 millions d'euros. Les deux têtes de lapin et de rat issues du palais d'Été, et dont le gouvernement chinois avait vainement tenté de bloquer la vente, ont finalement été achetées au téléphone chacune pour 15,74 millions d'euros. En revanche, malgré deux préemptions par le musée national de la Renaissance du château d'Écouen, les résultats des émaux limousins furent décevants avec un grand nombre de pièces ravalées. Le pedigree a enfin joué de manière irrationnelle sur les minéraux, dont certains se sont adjugés plus de 20.000 euros sur une estimation de 3.000 euros. Les voies du fétichisme sont impénétrables?!
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