Pierre Pringuet, après Rocard, RicardC'est un bosseur infati...

Pierre Pringuet, après Rocard, RicardC'est un bosseur infatigable », dit de lui le directeur général de Capgemini, Paul Hermelin. Lui, c'est Pierre Pringuet, le directeur général de Pernod Ricard. Et, à vrai dire, mis à part sa capacité de travail, rien ne prédisposait cet X-Mines à prendre les rênes du numéro deux mondial des vins et spiritueux. Lui qui pensait faire? médecine comme ses parents et qui a commencé sa carrière dans la fonction publique. Entré en 1981 comme conseiller technique au cabinet de Michel Rocard alors ministre du Plan et de l'Aménagement du territoire, il le suit à l'Agriculture. « Rocard était, parmi les élus du moment, celui qui me paraissait le plus en ligne avec ma propre pensée », raconte Pierre Pringuet. Paul Hermelin, qui était à l'époque au cabinet de Jacques Delors, se souvient : « C'étaient les deux ministres gestionnaires, donc il y a avait un peu de concurrence entre eux. Pierre se battait sur l'agroalimentaire et on sentait un peu de jalousie quand même dans l'équipe Delors. »En 1988, changement de majorité. Pierre Pringuet appelle quelques entreprises qu'il connaît. « Pernod Ricard dégaine le plus vite. » On lui propose pour commencer la direction du développement du groupe. L'expansion internationale devient vite sa spécialité : « Je me suis occupé de la création du réseau en Asie. On a commencé avec un bureau à Singapour et un à Tokyo et puis, progressivement, on a créé des filiales dans tous les marchés, y compris la Chine. »En 2000, il rejoint au holding le PDG et fils de Paul Ricard, Patrick Ricard. Le développement reste son cheval de bataille. En 2001, le rachat de l'américain Seagram lui permet de récupérer deux marques phares, Martell et Chivas. En 2005, c'est l'anglais Allied Domecq qui est happé. Et l'année dernière, Pierre Pringuet rachète au gouvernement suédois pour 5,6 milliards d'euros « une belle suédoise qui fait 100 millions de litres quand même ! » : Absolut Vodka. « Je ne crois pas qu'il y ait autant de sociétés du CAC 40 qui aient pu connaître une telle croissance en aussi peu de temps », se félicite celui à qui Patrick Ricard a confié en 2008 la charge totale de l'opérationnel. Il devient ainsi le premier dirigeant extérieur à la famille. « Chez Pernod Ricard, il y a une certaine forme de méritocratie qui fait que les gens sont jugés sur leurs performances et non sur des critères politiques », souligne Pierre Pringuet. Aujourd'hui, avec plus de 7 milliards d'euros de chiffre d'affaires, une présence dans 70 pays et 15 marques stratégiques, Pierre Pringuet est à la tête d'un groupe que ses concurrents redoutent. « Notre stratégie, c'est d'avoir un portefeuille complet, c'est-à-dire des marques très fortes dans tous les grands secteurs de notre industrie : le whisky, la vodka, le pastis, le cognac. Et il y a une deuxième dimension qui est internationale. Aujourd'hui, nous avons une couverture mondiale, nous faisons plus d'un quart de notre chiffre d'affaires dans les Amériques et plus d'un quart dans l'Asie-Pacifique. »Mais cette croissance rapide se traduit aussi par un fort endettement (13,5 milliards d'euros). En avril dernier, Pernod Ricard a procédé à une augmentation de capital de 1 milliard d'euros. « On va marquer une pause », dit Pierre Pringuet, qui explique : « Comme après chaque nouvelle acquisition, on commence avec une dette élevée et puis on la réduit. » En attendant un nouveau « coup », son prochain challenge est double : « promouvoir des cadres de haut niveau non français au comité exécutif » et « avoir plus de femmes ». Tatiana Renard-Barzach
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.