Panique chez les hedge funds

Les hedge funds, ces fonds d?investissement à vocation spéculative, accentuent la pression à la baisse sur les Bourses mondiales. Après avoir été les stars de la finance depuis une décennie, ces fonds spéculatifs font face à des demandes de remboursement massives de la part des souscripteurs, qui fuient leurs très mauvaises performances actuelles. Forcés de rendre leur argent à ceux qui le leur avaient confié, les hedge vendent leurs actifs à la faveur du moindre mouvement de hausse du marché, provoquant ainsi des nouvelles baisses.« Nous sommes dans une situation de panique générale », estimait jeudi Nouriel Roubini, professeur à New York University, lors d?une conférence à Londres. Emmanuel Roman, le directeur de GLG Partners, l?un des principaux hedge funds, partageait ce pessimisme. Selon lui, près de 30 % des fonds vont faire faillite : « D?une façon darwinienne, beaucoup vont tout simplement disparaître. »Vendredi, une étude de la banque Morgan Stanley enfonçait le clou. Elle prévoit la disparition de 25 à 30 % des encours des hedge funds sur l?ensemble du deuxième semestre. Elle proviendrait pour moitié de la chute des marchés : en moyenne, les hedge funds enregistrent une contre-performance de ? 18 % depuis le début de l?année, selon Bloomberg. L?autre moitié serait la conséquence des retraits précipités des investisseurs. Les sommes ainsi envolées en fumée sont considérables : environ 580 milliards de dollars, pratiquement l?équivalent du PIB (produit intérieur brut) des Pays-Bas. L?industrie des hedge funds reviendrait de fait à son niveau de la mi-2005.L?Europe risque d?être particulièrement touchée, selon Morgan Stanley. Les hedge funds y pratiquent deux des stratégies qui affichent les baisses de rendement les plus sévères actuellement. La première est le « long/short equity » (mélange de positions acheteuses et à découvert) et la deuxième est appelée « event driven » (saisir un événement, par exemple une fusion, pour en tirer des plus-values). Face à cette situation catastrophique, chaque hedge fund tente de réagir à sa manière. Centaurus Capital, un fonds dirigé à Londres par le Français Bernard Oppetit, vient d?envoyer une lettre aux investisseurs de son principal fonds, leur proposant de leur rendre immédiatement 30 % de leur argent, mais gelant tous les autres retraits pendant deux ans.D?autres, comme les britanniques Blue Bay, RAB ou Henderson, ont proposé des rabais sur leurs frais de gestion. Vendredi, RAB a été forcé d?aller plus loin, gelant complètement les retraits de l?un de ses fonds.Mais ce flot de mauvaises nouvelles pourrait cacher de bonnes surprises une fois la panique passée. Morgan Stanley note que les investisseurs des fonds de hedge funds se basent sur un « scénario du pire » : ils font des demandes de retrait de leur argent, mais ne passent pas forcément à l?action. En conséquence, les hedge funds retirent leur argent des marchés pour le conserver sous forme de liquidités, et le rendre disponible à tout moment. « Cela pourrait mener à des niveaux sans précédent de cash (certains s?attendent à 25 %) détenus par les fonds de hedge funds, qui pourraient être réalloués aux fonds sous-jacents début 2009. » Au cercle vicieux actuel se substituerait alors un cercle vertueux.Eric Albert
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