Comment la flambée du yen ? assèche la liquidité mondiale

du jamais-vu dans l?histoire monétaire moderne : le dollar et le yen ont explosé la semaine dernière, enfonçant leurs deux rivaux, l?euro et la livre sterling, dans des terres non visitées depuis plusieurs années, avec des décalages d?une ampleur inédite. C?est ainsi que l?euro a chuté comme une pierre, refluant à son plus bas niveau depuis deux ans face au billet vert, cédant 6 % de sa valeur sur la seule semaine écoulée, pour tomber vendredi jusqu?à 1,2495. Depuis son record historique de faiblesse du 15 juillet dernier vis-à-vis de la monnaie unique, le dollar a repris plus de 28 %. La parité de pouvoir d?achat, la PPA, qui représente le cours d?équilibre d?un couple de monnaies, se situe au voisinage de 1,15. Et l?on s?y dirige à grands pas. Le dollar a également envoyé en enfer la livre sterling, malmenée par l?annonce d?un recul beaucoup plus fort que prévu, de 0,5 %, du PIB britannique. La monnaie de Sa Majesté ne valait plus vendredi que 1,5270 dollar, cédant 12 % sur la semaine. galop en solitaireMais le plus inquiétant concerne le yen. La monnaie japonaise a gagné près de 10 % de sa valeur face à l?euro au cours de la seule séance de vendredi, se hissant jusqu?à 113,80, au plus haut depuis six ans. Sur la semaine, le yen s?est apprécié de plus de 17 % par rapport à la monnaie unique, et de 49 % depuis son plancher historique de la mi-juillet, époque à laquelle il était venu affleurer le seuil de 170. Alors qu?il faisait la course en tête avec le dollar ces dernières semaines, il a soudain entamé un galop en solitaire, laissant le billet vert sur place. Résultat : la monnaie de l?archipel a bondi jusqu?à 90,95 pour 1 dollar, un niveau que l?on n?avait pas revu depuis treize ans. Rien n?interdit de penser qu?à ce rythme il puisse retrouver le record absolu de 79,75, pulvérisé au printemps 1994, lorsque les menaces de sanctions commerciales de la part des États-Unis à l?encontre du Japon avaient atteint leur paroxysme. Le yen est devenu la valeur refuge par défaut d?un monde en ébullition. Lui qui, du fait de ses rendements lilliputiens, avait permis le développement du « carry trade» consistant à emprunter au Japon pour replacer ailleurs avec une forte rémunération, technique aujourd?hui abandonnée dans la précipitation. Seul problème avec le yen : ses phases de forte reprise, d?« endaka », lorsqu?elles sont durables, correspondent historiquement à des périodes de corrections boursières marquées. Et les derniers mois n?ont pas fait exception. Car la deuxième puissance économique mondiale, qui accumule des excédents commerciaux même en tant de crise, est le plus gros exportateur mondial de capitaux. Lorsque la demande mondiale de yens augmente, l?entraînant dans une spirale haussière, le Japon interrompt ses sorties massives de capitaux, provoquant un tarissement de la liquidité mondiale. Un yen trop fort, trop longtemps serait une très mauvaise nouvelle pour la planète boursière. Isabelle Croizard
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