« Les franchises n'empêchent pas les soins »

La crise ne remet-elle pas en cause tout le budget de la Sécurité sociale ? L'objectif de retour à l'équilibre de l'assurance-maladie en 2011 est-il tenable ?Roselyne Bachelot : Nous avons conçu ce projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2009 en tenant compte de la dégradation de la situation économique. Pour l'assurance-maladie, j'ai présenté un projet de PLFSS avec un déficit de 3,4 milliards. Cela reste compatible avec un retour à l'équilibre en 2011. Des mesures très fortes de long terme, initiées l'an dernier, comme le contrat individuel et les nouveaux modes de rémunération des médecins, vont porter leurs fruits.Quelle sera la sanction si les médecins ne parviennent pas à respecter les mesures d'économies, comme cela se produit chaque année ?R. B. : Respecter les objectifs d'économies de la maîtrise médicalisée, c'est permettre les revalorisations d'honoraires. Le passage de la consultation du généraliste de 22 à 23 euros est entre leurs mains. Si la négociation conventionnelle s'achève en décembre, la revalorisation interviendra éventuellement au début de l'été 2009.Un an après, quel bilan tirez-vous de la mise en place des franchises médicales, principalement sur les médicaments ?R. B. : L'économie réalisée grâce à ces franchises sera de 800 millions d'euros sur l'année. Ces franchises ont favorisé la croissance des ventes et de la consommation des grandes boîtes de médicaments. Sur les six premiers mois de l'année, leur vente a progressé de plus de 8 %. Contrairement à ce qu'on a pu entendre, les franchises n'ont pas empêché les malades de se soigner. Le nombre de boîtes de médicaments vendues sur les six premiers mois de l'année a progressé de 1,2 %, comme au cours des années passées.Un amendement du PLFSS propose de réduire de 65 % à 35 % le taux de remboursement des cures thermales. Y êtes-vous favorable ?R. B. : Ce n'est pas ma proposition. J'ai également indiqué que je ne voulais pas de mesures qui pourraient être considérées comme défavorables aux assurés dans ce projet de loi.Nicolas Sarkozy avait appelé à une réforme du dispositif des affections de longue durée. Qu'allez-vous proposer ?R. B. : La prise en charge à 100 % des maladies graves, chroniques et coûteuses doit être préservée. Il faut chercher à soigner mieux ces malades, notamment grâce aux contrats individuels, que les médecins traitants pourront bientôt passer avec l'assurance-maladie, pour un suivi balisé des maladies chroniques.Comment pouvez-vous favoriser davantage le développement des génériques?R. B. : Avec l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé [Afssaps], nous voulons élargir le répertoire des médicaments pouvant être remplacés par un générique. Par ailleurs, afin de favoriser l'innovation thérapeutique, je souhaite supprimer par amendement la taxe sur les recherches biomédicales, affectée à l'Afssaps, dans le cadre du projet de loi de finances. C'est un signal fort en direction de la recherche pour attirer des investissements en France. Elle sera financée par une hausse des autres taxes affectées à l'Afssaps.Comment inciter par ailleurs les médecins à prescrire moins de médicaments ?R. B. : En fait, il faut aider les médecins à prescrire mieux, en leur donnant une information objective. Je vais lancer très prochainement un portail public sur le médicament, qui sera commun à toutes les institutions produisant des informations ? le ministère de la Santé, la Haute Autorité de santé, l'assurance-maladie? Il pourra être consulté y compris par le grand public. Nous poursuivrons également notre politique de baisse ciblée des prix des médicaments.Vous cherchez à rééquilibrer la présence des médecins sur le territoire. Quelle est aujourd'hui la carte des déserts médicaux et des zones surdotées en professionnels de santé ?R. B. : Nous sommes en train de construire la cartographie du territoire national, en cinq zones. Il en ressort qu'un quart de la population est confrontée à des difficultés : les zones « très sous-dotées » en médecins, qui comprennent les banlieues des grandes villes, concernent 5 % de la population française, et 20 % de la population réside en zones « sous-dotées ». Par ailleurs, 50 % des Français résident en « zones neutres », 20 % en zones « surdotées » et, enfin, 5 % en « zones très surdotées ». Mon objectif est de mieux répartir l'offre de soins sur le territoire national.Ne craignez-vous pas les réactions de certaines associations à votre annonce concernant la publicité sur l'alcool ? Allez-vous revoir votre décision ?R. B. : Nous devons à un secteur économique important un contexte juridique stabilisé. C'est pour cela que j'ai indiqué que je ne m'opposerai pas à un amendement s'il respecte mes exigences, qui sont celles de la santé publique. Il s'agit d'encadrer pour mieux protéger, dans le cadre d'un réseau économique et mondialisé. Avec les conditions de principe que j'ai posées, je pense aboutir à un compromis acceptable et équilibré entre la liberté du commerce à l'heure d'Internet et les impératifs non négociables de santé publique.Propos recueillis par Véronique Chocro
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