Une CFTC fragilisée en congrès

Deux hommes pour un fauteuil. Celui de président de la CFTC, quatrième syndicat en termes électoraux dans le secteur privé, derrière la CGT, la CFDT et FO et devant la CFE-CGC. Jacques Voisin, qui brigue un troisième mandat, affrontera lors du 50e congrès de l'organisation son challenger, Joseph Crespo, président de la fédération de la métallurgie. Un affrontement qui s'est d'ores et déjà déplacé sur le plan médiatique, la direction confédérale de la CFTC ayant intenté une action en diffamation contre Joseph Crespo, qui a affirmé dans la presse qu'elle avait perçu un chèque de 69.000 euros de l'UIMM..... Ambiance. Ce congrès ne sera vraisemblablement pas « l'occasion pour la CFTC de mettre en relief les divergences profondes qui opposent Jacques Voisin et son opposant car il intervient à la veille des prud'homales du 3 décembre, qui sont un test grandeur nature de la représentativité des syndicats au niveau national », explique Guy Groux, directeur de recherche au CNRS et au Cevipof. Si ce scrutin n'a pas d'impact sur la représentativité proprement dite des syndicats, il permet aux uns et aux autres de se compter. La CFTC avait ainsi gagné plus de 2 points au dernier scrutin de 2002 et obtenu 9,6 % des voix. Cette fois, elle vise 15 % des suffrages. Le défi est de taille. D'autant qu'un sondage Ifop-Espace social européen réalisé le 20 octobre montre qu'elle serait créditée de 8 % des voix, derrière la CGT (31 %), la CFDT (25 %), FO (8 %), mais devant la CFE-CGC (7 %), l'Unsa (5 %) et SUD (4 %). Outre le fort enjeu prud'homal, ce congrès s'ouvre sur fond de réforme de la représentativité des syndicats. Celle-ci prévoit la suppression d'ici cinq ans de la présomption irréfragable de représentativité accordée aux cinq confédérations (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC et CFTC). Désormais, un syndicat sera reconnu représentatif seulement s'il obtient au moins 10 % des voix aux élections professionnelles dans les entreprises et 8 % dans les branches et au niveau interprofessionnel. InquiétudesSi les choses ne changeront pas du jour au lendemain, les « petits syndicats », dont fait partie la CFTC, s'inquiètent pour leur avenir. Au plan national, certains syndicats ont d'ores et déjà opéré des rapprochements ? c'est le cas de la CFE-CGC et de l'Unsa ?, mais la CFTC compte, elle, bien continuer à faire cavalier seul, même si elle mène des actions communes avec certains syndicats, comme avec FO pour la hausse du pouvoir d'achat. Dominique Andolfatto, maître de conférences en sciences politiques à l'université de Nancy II, estime pour sa part que la CFTC va évoluer lentement comme les autres. Il rappelle que, « lors des élections professionnelles, la CFTC recueille 18 % des suffrages exprimés. Donc, là où elle est implantée, c'est loin d'être négligeable ». Plus sceptique, Guy Groux estime en revanche que « les nouvelles règles vont contraindre la CFTC à participer à des listes intersyndicales dans les entreprises, au risque d'avoir des coalitions hétéroclites pouvant conduire certains délégués ou certaines sections à rejoindre d'autres syndicats ». À suivre...
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