Le rouble cède sous les coups de boutoir de la spéculation

Pour la huitième semaine consécutive, la Banque centrale de Russie a été contrainte de puiser dans ses réserves de change pour défendre le rouble attaqué de toutes parts. Ce trésor de guerre a encore fondu de 3,6 milliards de dollars, pour tomber à 449,9 milliards de dollars. Bien que les réserves russes se maintiennent à la troisième place mondiale, derrière celles de la Chine (qui devraient dépasser les 2.000 milliards de dollars à la fin de l'année) et celles du Japon (qui tournent autour de 1.000 milliards), elles s'assèchent semaine après semaine. Cette manne, qui avait explosé durant les années de vaches grasses où la banque de Russie engrangeait des tombereaux de dollars pour empêcher une montée en puissance trop rapide de sa monnaie, frôlait encore les 600 milliards de dollars début août. Il a suffi que Moscou ouvre les hostilités avec la Géorgie en plein c?ur de l'été pour provoquer une hémorragie de capitaux hors de Russie. C'est désormais le quart des réserves de change de l'institut d'émission qui est parti en fumée en moins de quatre mois. marge de fluctuationFace à cette catastrophe nationale, la banque centrale a accepté de donner un coup de canif à sa gestion du taux de change du rouble?: elle a élargi à deux reprises la marge de fluctuation dans laquelle il est autorisé à évoluer face à un panier de devises qui compte 55 % de dollars et 45 % d'euros. Elle a autorisé de fait une minidévaluation, qui porte à 19 % la dévalorisation du rouble face au dollar depuis le début de cette année. Mais le marché demande davantage et, dans ce cas de figure, il en sort presque toujours gagnant.Si la cure d'amaigrissement des réserves se poursuit au rythme actuel, à l'horizon d'un an, les réserves de la Russie seront épuisées. Et on voit mal ce qui pourrait enrayer cette décrue car, outre la spéculation qui ne désarme pas, un autre fléau s'est abattu sur la Russie. La chute libre des prix du pétrole, qui grève ses recettes d'exportation, va faire basculer sa balance des paiements courants dans le déficit dès l'an prochain, multipliant les pressions en vue d'une dévaluation du rouble, cette fois autre que symbolique. Or, le seul mot de dévaluation fait frémir les autorités russes, car il fait resurgir le spectre de la crise financière de 1998. La situation est d'autant plus humiliante pour le Kremlin que la réhabilitation du rouble, après la sortie de crise, avait constitué le symbole de la puissance retrouvée de la Russie. Pour les économistes, le choix d'une dévaluation en douceur, qui évite le choc de l'effet de richesse négatif, choisi par la banque centrale, est un mauvais calcul, surtout dans un contexte de crise internationale où les marchés sont impitoyables. Pour l'expert de Natixis, Juan Carlos Rodado, un nouvel accès de panique provoquerait un retrait massif et soudain des dépôts en dollars ou en euros, qui pourrait entraîner un effondrement du rouble. Le pire n'étant jamais sûr, il prédit une dévalorisation supplémentaire de 15 % du rouble en 2009, mais bon nombre de ses collègues avancent des chiffres supérieurs à 20 %.
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