Vantards ou honteux  : la « com' » des patrons en temps de crise

Tonitruante de l'autre côté de l'Atlantique, beaucoup plus discrète de ce côté-ci?: outre le total impressionnant qu'elle représente, l'énumération des suppressions d'emplois égrenées ces derniers jours frappe aussi par la différence de mentalité qu'elle continue de révéler entre les groupes américains et leurs homologues européens. Aux États-Unis, les dirigeants restent sans complexes. Dans sa spectaculaire annonce de lundi, par exemple, Caterpillar semble même avoir noirci le tableau à dessein. Le leader mondial des matériels de chantier et d'extraction minière n'a pas hésité à claironner que, d'ici à la fin du premier trimestre, quelque 20.000 salariés auraient quitté le groupe. Impressionnant. Or Caterpillar intègre dans ce chiffre quelque 4.000 suppressions d'emplois déjà annoncées en fin d'année dernière ? le 18 décembre, par exemple, il avait averti qu'il allait licencier plus de 800 personnes dans une usine de l'Illinois ?, ainsi que 8.000 non-renouvellements de contrats à durée déterminée ou d'intérim et 2.500 départs volontaires. Au final, les nouvelles coupes programmées concernent donc 5.000 personnes.coût médiatiqueImagine-t-on patron français annoncer ainsi 20.000 suppressions d'emplois là où il pourrait en afficher 5.000 « seulement »?? Et se justifier froidement, comme l'a fait Jim Owens, le PDG de Caterpillar, par le fait qu'il lui faut impérativement atteindre son objectif de bénéfice par action de 2,50 dollars?? Licenciements boursiers, auraient alors tonné les syndicats et une bonne partie de la classe politique. De Michelin à Danone, les grands groupes français ont appris ces dernières années ce qu'il en coûtait, sur le plan médiatique, d'étaler au grand jour leurs projets de restructuration. Même lorsqu'ils avaient fait en sorte de les rendre les plus indolores possibles pour leurs salariés. Pressé hier de dire si son plan de réduction de coûts allait avoir un impact sur les effectifs, Jean-Pascal Tricoire, le PDG de Schneider, a répondu par l'affirmative. Mais du bout des lèvres et sans vouloir avancer le moindre chiffre.Avec la multiplication de ces licenciements, qui plus est dans tous les secteurs, les dirigeants américains vont-ils modifier leur attitude?? À l'issue de ce lundi noir pour l'emploi américain, le président Barack Obama lui-même s'est ému de ces annonces qui frappent « des hommes de chair et de sang ». De fait, rares sont désormais les groupes qui n'accompagnent pas ces mesures par des engagements à modérer la rémunération des salariés préservés. Caterpillar avait annoncé en décembre des baisses pouvant aller jusqu'à 50 % pour l'équipe de direction. La franchise subsiste mais elle s'accompagne d'excuses. O. E.
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