Croissance  : vers une mesure plus juste

Lancée en janvier 2008 par le gouvernement, la commission dirigée par les économistes Joseph Stiglitz, Amartya Sen et Jean-Paul Fitoussi s'est réunie une dernière fois cette semaine en séance plénière avant de rendre ses conclusions en avril. L'objectif de cette réunion : faire le point sur l'état d'avancée des travaux de la trentaine de membres de cette commission, travaux devant déboucher sur une mesure globale de la croissance économique et du progrès social. En clair, mettre à bas le dogme selon lequel seule l'évolution du PIB donnerait une image fiable du développement d'un pays.Pour y parvenir, trois groupes de travail ont été constitués. Le premier travaille justement sur les problèmes que pose la seule mesure de la croissance par le PIB. « Il est néanmoins possible d'intervenir sur certains paramètres, comme la distribution et les inégalités de revenus, la santé, l'éducation afin de mieux appréhender le niveau de vie des citoyens », explique Xavier Timbeau à l'OFCE. Le second groupe réfléchit à la prise en compte de l'environnement. Un taux de croissance du PIB supérieur à 10 % qui s'accompagnerait d'une destruction massive des ressources naturelles d'un pays peut-il être considéré comme un progrès ? « C'est la question de la soutenabilité des trajectoires de croissance qui est en jeu », détaille Marco Mira d'Ercole de l'OCDE.comparaisonsLe troisième groupe tente de mesurer la qualité de vie en prenant en compte des éléments aussi divers que le temps de travail, les loisirs, le stress, la sécurité? « Les enquêtes sur la satisfaction, comme celles de l'institut Gallup aux États-Unis, dont les résultats sont par nature subjectifs, font partie des solutions envisagées pour comparer la perception des inégalités par les groupes sociaux », précise Marc Fleurbaey de l'université Paris-Descartes. Est-ce la fin du PIB ? « Ce n'est pas l'objet. Le but de ces travaux est simplement de prendre en compte toutes les dimensions de la croissance et, à terme, de pouvoir faire des comparaisons internationales », précise Xavier Timbeau. Aboutiront-ils à un indicateur unique ? En marge de la présentation du documentaire « le Monde selon Stiglitz » diffusé le 10 mars prochain sur Arte, l'économiste américain a confié à « La Tribune » qu'il excluait cette hypothèse. « Il s'agit de définir un ensemble d'indicateurs délivrant une image la plus complète de l'état de santé économique et social d'un pays et d'anticiper son évolution. Ils doivent nous permettre de mieux comprendre les multiples effets d'une politique économique et donc de la rendre plus efficace », explique-t-il.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.