Elle a vendu plus de trois millions d'albums. Supplanté Elvis au hit-parade américain. Jeannine Deckers (1933-1985), alias S?ur Sourire, l'interprète de l'inoubliable « Dominique, nique, nique », méritait bien, elle aussi, un biopic. Mais pas tant pour avoir explosé le Top 50 que pour la vie tragique qu'elle a menée. Celle d'une jeune femme cherchant à donner un sens à sa vie dans la Belgique bourgeoise, catholique et étriquée des sixties. C'est ce que raconte « S?ur Sourire », le dernier film de Stijn Coninx, passionnant sur le fond, académique sur la forme, porté par une impeccable Cécile de France, à l'origine du projet.Jeannine Deckers n'a jamais cessé de chercher auprès des autres l'amour que lui a refusé sa mère. Elle espère le trouver chez les religieuses du couvent de Fichermont. Avant d'y étouffer. Heureusement, l'Église cherche alors à rajeunir son image. Et la jeune femme est autorisée à chanter à la télévision. du couvent à l'alcoolLe succès est fulgurant. Sentant qu'elle pourrait trouver l'amour qui lui manque auprès du public, S?ur Sourire quitte le couvent. Mais on lui interdit d'utiliser son nom de scène. Ou de bénéficier de ses droits d'auteur reversés aux bonnes ?uvres du couvent. La jeune femme sombre alors dans l'alcool.Adolescence difficile, homosexualité longtemps niée, succès éphémère? Coninx brosse le portrait touchant d'une femme obstinée qui refuse le destin de mère au foyer que lui réservent ses parents. Dommage que cette trajectoire hors du commun soit racontée à partir d'un scénario assez plat, s'étirant en longueur sur la fin mais néanmoins truffé d'ellipses qui laissent certaines situations incompréhensibles. Reste une extraordinaire direction d'acteurs. D'un geste, d'un regard, Cécile de France parvient à donner au personnage toute sa densité, sans jamais imiter la vraie Jeannine Deckers. Et c'est probablement là le plus bel hommage qui lui soit rendu. Yasmine You

latribune.fr

15 Mai 2009, 1:43

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