La fortune du PAF

our Claude Berda, toucher de TF1 un chèque de 192 millions d'euros est le sommet d'une carrière mouvementée et commencée très tôt. Étudiant à Dauphine, il installe un magasin clandestin de vente de jeans dans la fac. Puis il reprend la fabrique de vêtements de son père. Il rencontre ensuite Jean-Luc Azoulay (secrétaire de Sylvie Vartan) et se lance avec lui dans les disques pour enfants. En 1977, ils fondent une société à leurs initiales : AB. Entre eux, la répartition des tâches est claire : à Berda la gestion, à Azoulay l'artistique.Ils obtiennent du Vatican un contrat pour produire des disques du pape. Surtout, ils repèrent une jeune présentatrice à la télé, Dorothée, et convainquent TF1 (à peine privatisée) de lui confier ses émissions jeunesse : ce sera le « Club Dorothée », lancé en 1987. En 1991, le duo, s'inspirant des sitcoms américains du type « Cosby Show », les imite avec « les Musclés », « Premiers Baisers » et « Hélène et les Garçons ». Leurs sitcoms low cost à la française sont méprisés par la critique, mais ils obtiennent des succès d'audience en France comme à l'étranger. AB devient alors le premier producteur audiovisuel de l'Hexagone. Claude Berda prévoit aussi que, pour remplir leurs quotas, les chaînes vont avoir besoin de fictions européennes. Il constitue alors un catalogue de droits audiovisuels, en raflant moult séries européennes (« Derrick », « le Renard », etc.), mais aussi quelques séries américaines (« Friends »).Après ces coups de génie, viennent d'autres idées moins heureuses. Fin 1996, Claude Berda lance son propre bouquet de TV par satellite, ABSat, qu'il alimente avec des chaînes qu'il fabrique lui-même? dont la très rentable chaîne pour adultes XXL (970.000 abonnés fin 2001). Mais les deux autres bouquets, CanalSat et TPS, et leurs actionnaires, à commencer par TF1, n'apprécient pas qu'on marche sur leurs plates-bandes.Dès 1997, la Une se venge en arrêtant brutalement le « Club Dorothée ». Coup dur pour AB : les émissions jeunesse et les sitcoms fournis à la Une représentaient un chiffre d'affaires de près de 50 millions d'euros, soit un tiers des revenus. Sans compter tous les produits dérivés, comme le magazine « Club Dorothée » ou les disques de Dorothée, Hélène, etc., qui étaient en tête des ventes. Résultat : le chiffre d'affaires chute, le résultat plonge dans le rouge, et le cours de Bourse s'effondre. Car Claude Berda avait eu une autre idée folle : s'introduire en Bourse à New York fin 1996. Cela lui permettra de lever 135 millions d'euros. Mais il quitte Wall Street en 2001, pour être coté de façon éphémère sur le second marché parisien de 2000 à 2003. AB est alors contrainte de procéder à plusieurs plans sociaux (113 salariés en 1998, 31 en 2000, 21 en 2003).En 1999, Azoulay et Berda divorcent : le premier rachète la production audiovisuelle d'AB pour 6 millions (plus 8 millions de reprise de dettes), et finit par sortir du capital d'AB.De son côté, Berda retrouve la baraka. Il se ménage de solides soutiens au CSA, notamment Christian Dutoit, membre de 2003 à 2008. Il obtient deux canaux sur la TNT : NT1 et AB1. Surtout, il fait de bonnes affaires en rachetant deux chaînes prometteuses. D'abord, RTL9 en 1998, alors valorisée 29 millions d'euros, leader en audience des chaînes thématiques, qu'il rendra bénéficiaire. Ensuite, TMC en 2005 qu'il rachète avec TF1. Enfin, fin 2006, il touche un premier chèque de TF1 de 230 millions en vendant un tiers d'AB ? une somme qu'il réinvestira en partie dans l'immobilier.Claude Berda, aujourd'hui âgé de 62 ans, père de 3 enfants, s'est installé à Genève depuis quelques années. J. H.claude berdapDG du groupe AB
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