La France relance l'idée d'une taxe sur les changes

Aide au développementT axe Tobin, le retour ! L'idée d'une taxe Tobin édulcorée, dont l'objectif ne serait pas d'introduire un grain de sable dans les flux financiers mais de lever des capitaux pour financer le développement, revient sur le devant de la scène. Le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner a annoncé hier lors de la sixième réunion plénière du groupe pilote sur les financements innovants la volonté de la France d'« accompagner un groupe pionnier d'États pour appliquer » une taxe sur les transactions monétaires. Paris souhaite prendre la tête d'un groupe de travail qui aura pour mission d'étudier la faisabilité d'une telle mesure. Objectif : apporter des financements complémentaires à l'aide au développement classique. « 35 milliards de dollars sont nécessaires pour atteindre les objectifs de développement du millénaire », a rappelé Bernard Kouchner.Une taxe sur les transactions monétaires suppose une « adhésion large » et ne peut être efficace que si « plusieurs États et évidemment ceux au sein desquels circulent les principales monnaies décident, de manière coordonnée, de les mettre en place, sur la totalité des marchés des changes », a rappelé Bernard Kouchner. Un point sur lequel ont jusqu'ici buté toutes les initiatives lancées en ce sens. L'administration Bush et le Premier ministre britannique Tony Blair y étaient viscéralement opposés. Le Royaume-Uni y reste « farouchement hostile », explique un expert proche des négociations. En revanche, les États-Unis « ne mettent pas de veto a priori », souligne la même source.d'autres pistes Le groupe de travail, dont la création doit être annoncée aujourd'hui, étudiera notamment la mise en place d'une taxe de 0,005 % sur les transactions monétaires. Elle pourrait rapporter entre 30 et 60 milliards de dollars par an. Ce groupe de travail réunirait, outre la France, des pays comme la Norvège, l'Espagne, la Belgique, le Chili, l'Autriche, l'Allemagne et le Japon qui ont marqué leur intérêt pour cette mesure. Le rapport Landau, sur les nouvelles contributions financières internationales, publiés fin 2004 à la demande de Jacques Chirac arrivait déjà à la conclusion qu'il n'existait pas d'obstacles insurmontables.D'autres pistes sont explorées. La taxe sur les billets d'avion mise en place dans 11 pays a déjà permis de lever 2 milliards d'euros en trois ans. Une quinzaine de pays étudieraient son introduction. La mise en place d'une taxe sur les émissions de CO2, assise sur le marché des droits à polluer, est également poussée par l'Allemagne. L'idée de taxer la fraude fiscale ? de l'ordre de 200 à 250 milliards d'euros par an en Europe ? fait également son chemin. L'idée serait de réorienter une partie des pénalités imposées aux fraudeurs vers le financement du développement. n
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