L'agence Gamma dépose le bilan

PRESSE« C'est la période terminale », lance un des journalistes de l'agence de photojournalisme Gamma. À l'issue d'un comité d'entreprise extraordinaire, son propriétaire, le groupe Eyedea, a confirmé hier aux 55 salariés de son pôle photo d'actualité (rebaptisé Eyedea Presse) la cessation de paiement. Elle a été signifiée hier au tribunal de commerce de Paris. « La direction a fait valoir qu'elle avait des investisseurs prêts à remettre au pot une fois l'entreprise restructurée », rapporte un salarié. Mais aucune précision n'a été donnée sur le contenu du plan de continuation de l'entreprise, qui sera présenté le 30 juillet, lors d'une audience au tribunal de commerce.Fondée en 1966 par Raymond Depardon, l'agence Gamma s'est illustrée comme une figure de l'excellence de l'image d'actualité dans les années 1970 avec les deux autres agences françaises Sygma et Sipa. Elle compte aujourd'hui un fonds d'archives photographiques de près de 30 millions de clichés, d'une valeur inestimable.révolution numérique« Mais le marché de la photo d'actualité s'est littéralement écroulé après la guerre du Golfe », se souvient un journaliste de Gamma. L'irruption des agences filaires (AFP, Reuters, etc.) proposant des forfaits très avantageux et l'arrivée du numérique ont mis un terme à l'hégémonie des trois agences françaises, où Paris tenait le rang de capitale mondiale du photojournalisme. Sygma a été reprise par l'américain Bill Gates, le cofondateur de Microsoft, tandis que Sipa rejoignait le groupe Sud Communication, propriété du fondateur des laboratoires Fabre. De son côté, Gamma tombe en 1999 dans l'escarcelle de Hachette Filipacchi Médias. Mais l'éditeur de magazines ne parvient pas à redresser l'agence et la cède, en 2006, avec la totalité de son pôle photo (Gamma, Rapho, Keystone, etc.), à Green Recovery, spécialiste de la reprise d'entreprises en difficulté.les rumeurs courentFin 2007, Eyedea Presse enregistrait un chiffre d'affaires de 13,2 millions d'euros et des pertes nettes de 3,4 millions. La dette s'élevait déjà à 15,56 millions d'euros. Si aucun chiffre récent n'a été dévoilé par la direction, les pertes de l'ex-Gamma s'élèveraient aujourd'hui à environ 3 millions d'euros par an.Mais certains salariés se demandent si « cela n'a pas été orchestr頻. « Eyedea a divisé les activités en isolant les photos d'actualité des activités plus rentables comme le ?people?, s'insurge un journaliste. Du coup l'équilibre est rompu. » Même si « personne ne conteste la nécessité d'un plan de restructuration », ajoute-t-on. Cécile Barbière
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