Sur un marché décharné, le dollar pâlit

changesC'est sur un marché des changes très étroit en cette période estivale que l'indice pondéré du dollar face aux monnaies des six principaux partenaires commerciaux des États-Unis a touché son point bas de l'année hier, à 78,315. Le billet vert est aussi venu tutoyer son plancher de 2009 face à l'euro, atteint le 3 juin dernier à 1,4310, en refranchissant temporairement la barrière de 1,43. Les opérateurs ayant retrouvé le goût du risque se livrent à nouveau prudemment, au « carry trade », la stratégie consistant à jouer sur les écarts de rendements.coups d'accordéonMais ce n'est pas seulement l'été qui favorise les décalages. Au terme de leur enquête semestrielle, la Banque d'Angleterre et la Réserve fédérale américaine viennent de révéler que les volumes quotidiens de transactions sur leurs marchés des changes respectifs, où s'effectuent la moitié des opérations internationales, s'étaient réduits comme peau de chagrin, notamment sur le marché au comptant. Sur la place de Londres, numéro un mondial des transactions, les volumes sont tombés de 1.699 milliards de dollars par jour au cours des six mois arrêtés à fin octobre 2008 à 1.356 milliards à fin avril, soit une chute de 20?% d'un semestre sur l'autre. La contraction est plus spectaculaire encore aux États-Unis où les volumes ont reflué de 762 à 527 milliards de dollars, ce qui représente un plongeon de 31?%. Un phénomène qui explique en grande partie la hausse de la volatilité observée ces derniers mois et en particulier sur le dollar, qui a subi des coups d'accordéon inédits depuis l'automne dernier.Après sa chute à un plancher historique de 1,6038 pour 1 euro le 15 juillet 2008, la monnaie américaine a rebondi de 29 % au cours des quatre mois suivants, puis s'est stabilisée avant de retrouver depuis février une pente baissière qui lui a fait reperdre près de 13 % de sa valeur. Personne ne s'étonnera que le billet vert reste de loin la première monnaie de transactions, l'un des attributs de son statut de monnaie internationale. Mais sa part a progressé, puisqu'il était impliqué dans 84,3 % des transactions totales en avril contre 82,6 % en octobre, au détriment de l'euro, retombé de 48,6 % à 45 %. Ce qui accentue encore la volatilité, surtout lorsque, comme c'est actuellement le cas, il sert de vecteur aux stratégies de portage, qui conduisent les investisseurs à emprunter le dollar à des taux voisins de zéro pour en réinvestir le produit sur des monnaies plus rémunératrices. Stratégie qui, par exemple, à permis hier au dollar australien de grimper à son meilleur niveau depuis septembre dernier vis-à-vis de son grand frère des États-Unis.Isabelle Croizard
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