C'est un peu le furet de la République ? On croit René Ricol ...

René Ricol, la passion des chiffres et des êtresSimple hasard du calendrier ou boulimie de présidences ? Non, plutôt « une passion pour ma profession », répond-il. « Et quand vous voulez faire bouger les choses, c'est vrai qu'il vaut mieux être président qu'être ailleurs. » Cet expert-comptable top niveau au CV à rallonge a très tôt pris goût à l'arithmétique : « Le chiffre a ceci de formidable qu'il vous aide à coller à la réalité. C'est très important de savoir quantifier ce que l'on veut faire parce que c'est ce qui vous fait passer du rêve au possible ! »Un défi qu'il s'est lancé en octobre 2008 à la demande de Nicolas Sarkozy : réconcilier les banques avec les Français. « Mon discours avec les banquiers, c'est de dire : arrêtons de parler, passons aux actes. Et le seul acte crédible pour les Français, c'est de préserver leurs emplois et donc de soutenir leur entreprise, point. » Son action lui a valu le surnom « Robin des Bois des PME », que Jean-François Roubaud, le président de la CGPME, reprend à son compte, admiratif : « Il impose ses décisions de manière extraordinaire, sans avoir forcément le pouvoir. »Un paradoxe pour ce financier qui s'occupe normalement des grands groupes cotés, à coups de LBO complexes. René Ricol n'en est pas à un paradoxe près : il aime les bolides mais roule en Twingo, reste viscéralement attaché à sa ville natale, Lyon ? dont il ne rate jamais la Fête des lumières, le 8 décembre ? mais fait carrière à Paris. Et regarde la politique de loin. « Si Raymond Barre [l'ancien maire de Lyon, Ndlr] avait été élu à la présidentielle, la décision dans ma tête était prise : je quittais mon métier et j'entrais en politique », dit-il, avant de reprendre très vite ses esprits : « Mon métier, c'est expert-comptable, c'est ce que je fais quand je suis médiateur du crédit. C'est ce que je fais quand je remets un rapport sur la crise financière au président de la République, je fais un rapport d'expert-comptable. »Cet homme de réseau dit préférer le terme d'« amitiés » (comme celle qui le lie au procureur Éric de Montgolfier), récusant « une connotation franc-maçonnique dans laquelle je ne me reconnais pas ». Si ce papa poule de six enfants (dont cinq garçons) est venu s'installer à Paris, c'est avant tout pour des raisons privées : « Ma fille, qui est sourde, avait besoin d'être rééduquée. » Comme le dit Thierry Saussez, le directeur du Service d'information du gouvernement (SIG), « que ce soit dans les actions qu'il a pu conduire à l'Agence pour la création d'entreprise [APCE] ou encore au réseau Tous pour l'emploi, il est le pur produit de cette idée qu'on peut avoir d'un engagement de service public, même quand on vient du priv頻. « J'ai toujours pratiqué, explique l'intéressé, un mi-temps d'activités rémunérées qui est mon métier d'expert financier et puis un mi-temps d'intérêt général. C'est mon équilibre. » Et s'il y a bien une chose qu'il n'envisage pas, c'est de s'arrêter? de travailler. « Cette crise financière sera bénéfique si on décide de tuer le veau d'or, explique René Ricol, c'est-à-dire de réaffirmer que la vraie religion ne doit pas être celle de l'argent. Elle ne servira malheureusement à rien si dans dix ans on reproduit les mêmes errements. »Tatiana Renard-Barzach
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