Oliver Stone  : « W, c'est ma vie en direct »« Good Bye, George »

Pourquoi consacrer trois films à trois présidents américains ?Oliver Stone. « Kennedy, c'est ma jeunesse et c'est l'espoir, les frontières de l'Amérique qui reculent. Il a provoqué les grands changements de l'ère moderne. Nixon, c'est pour moi le grand-père roué et cynique de George Bush. W. c'est ma vie en direct, c'est aujourd'hui. C'est la honte du goulag de Guantanamo? J'ai peint l'histoire de deux générations avec ces trois films. Mais aujourd'hui, c'est fini. Comme le Vietnam. Je n'y reviendrai pas. »Pourquoi votre caméra insiste-t-elle sur la petite taille de Bush, dominé par son père et par les autres ?O. S. « Parce qu'il est sans cesse écrasé par ce qui l'entoure ! J'ai voulu me mettre et mettre le spectateur à sa place, dans ses pas et dans son regard. Le film est vu du point de vue de Bush. Ce qu'on prend pour de l'empathie de ma part, c'est cette subjectivité. Elle m'intéresse plus qu'un règlement de comptes. Car, il est aussi pour moi un meilleur homme politique que son père, plus malin qu'on ne le dit. Il est méchant et arrogant, d'accord, mais il a eu plus d'influence sur notre planète que Ronald Reagan n'en a eu en son temps. »Avez-vous facilement trouvé l'acteur qui allait incarner le président ?O. S. « Josh Brolin avait tout ce qu'il fallait pour incarner ce qui est pour moi un double de John Wayne à la Maison-Blanche. Ce comédien a le calme, l'allure, la démarche exacte de l'actuel président. Mais comme il n'aime pas Bush, j'ai eu du mal à le convaincre. Il s'est presque senti insulté que je le choisisse ! Il m'a fallu du temps pour qu'il finisse par accepter. Et à l'arrivée, il est exactement comme je le voulais, avec les nuances et les ambiguïtés du personnage? »Pensez-vous être aujourd'hui encore le « poil à gratter » de l'Amérique, le cinéaste de la mauvaise conscience ?O. S. « Si je suis celui qui fait réfléchir et ne se contente pas de tendre un miroir au public, oui, je veux bien garder cette étiquette. Pour Bush, comme dans mes films précédents, j'essaye de comprendre ce qui s'est passé. Pourquoi l'Amérique a échangé ses libertés, ses valeurs, contre une prétendue sécurité. »A-t-on vu votre film à la Maison-Blanche ?O. S. « Non, Bush ne l'a pas vu. Ce n'est pas facile de regarder un film sur soi-même. Certains de ses conseillers l'ont vu et n'ont pas aimé du tout. »Qu'attendez-vous de l'élection qui approche ?O. S. « Je pense qu'Obama est en train de suffisamment creuser l'écart pour l'emporter le 3 novembre, même si rien n'est encore joué. Je n'ose pas croire une seconde à l'hypothèse d'une victoire de McCain. Mais le défi qui attend Obama sera très difficile. Il aura contre lui des lobbys puissants, des résistances fortes, sa tâche s'annonce redoutable. S'il ne fait pas tout dans les cent premiers jours, il sera neutralisé. » michel Pascaltrilogie. Il n'en finira jamais avec la mauvaise conscience américaine. 21 ans après le Vietnam et « Platoon », Oliver Stone achève une trilogie sur le pouvoir commencée avec « JFK » et « Nixon ». Cette fois, il donne l'ultime pichenette au président partant, mais de façon presque mélancolique.Le fil rouge du film. C'est un rapport père fils qui n'en finit pas de faire faire des « bêtises » à Bush Junior. La plus grave étant de loin la guerre en Irak. Le portrait repose sur trois périodes : jeunesse, conversion à l'évangélisme, et décision d'envoyer les soldats à Bagdad, entre 2001 et 2003.performance. Josh Brolin campe un cow-boy texan incroyable de ressemblance, mangeant goulûment ses sandwiches, marchant les jambes arquées, et plus malin que la légende ne le dit. M. P.
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