« Sarkozy veut refondre l'aide internationale au développement »

Quel est l'enjeu du sommet de Doha sur le financement du développement ? Les pays riches doivent réaffirmer leur engagement de porter l'aide publique au développement à 0,7 % de leur PIB d'ici à 2015. Or la meilleure façon d'atteindre les objectifs de développement du millénaire, dont le plus emblématique est de réduire de moitié la pauvreté entre 1990 et 2015, est de pousser les feux de la croissance : en Afrique, un point de croissance en moins représente un manque à gagner supérieur à l'ensemble de l'aide reçu par le continent au cours d'une année. Quelles positions la France entend-elle défendre à Doha ?Nicolas Sarkozy est le seul chef d'État du G7 à se rendre au Qatar. L'objectif est de rappeler qu'en dépit de la crise financière, la lutte contre la pauvreté dans les pays en développement demeure une priorité de la France. Il proposera notamment une refonte du système international de l'aide au développement afin d'en renforcer la cohérence. La question des financements innovants, comme l'extension à de nouveaux pays de la taxe sur les billets d'avion créée par Jacques Chirac, sera à l'ordre du jour. Mais également celle du réendettement des pays ayant bénéficié d'importantes annulations de dette ces dernières années. L'emprunt constitue un puissant levier de développement économique. Quelle place pour l'agriculture ? Son développement est prioritaire car, au-delà des énormes besoins du continent, elle constitue une activité structurante. Il est urgent de redéployer des moyens dans ce domaine. Il y a vingt ans, l'Union européenne consacrait 25 % de son aide à l'agriculture contre 5 % seulement aujourd'hui. Il faut donc relancer l'agriculture vivrière en Afrique. Mais il faut veiller à ce que les accords de partenariats économiques (APE) entre l'Union européenne et les pays ACP (Afrique Caraïbes Pacifique) ne détricotent pas les efforts engagés en exposant les agricultures africaines à la concurrence mondiale. Plusieurs ONG vous accusent de ne pas tenir vos engagements en termes d'aide au développement. Que leur répondez-vous ? L'aide publique au développement (APD) ne diminuera pas en 2009. Il est vrai que certains projets en Afrique étaient menacés: pour y parer, une rallonge de 92,5 millions d'euros a été prévue. Aucun projet touchant à la santé et à l'éducation en Afrique ne sera suspendu. Mais l'aide française ne doit pas rester figée. J'ai obtenu du ministère des Finances qu'il subventionne, à hauteur de 400 millions d'euros, 1 milliard d'euros de prêts concessionnels supplémentaires de l'AFD. Si l'on continue de s'accrocher à l'idée qu'une même proportion de l'APD est distribuée sous forme de subvention pure, il est clair que l'on va avoir des difficultés pour atteindre l'objectif des 0,7 % du PIB en 2005.Votre prédécesseur, Jean-Marie Bockel, a été débarqué en mars dernier à la demande de plusieurs chefs d'État africains. Trouvez-vous normal que les remaniements ministériels se décident en Afrique ?C'est votre appréciation de la situation. Ce n'est pas la mienne. Je regarde devant. J'essaie de créer une dynamique, des relations chaleureuses avec le continent africain. Il faut sortir des relations paternalistes au profit de relations de partenariats. Je ne veux pas perdre de temps à regarder l'avenir dans le rétroviseur.
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