Baudouin Prot, l'homme des grandes acquisitions

La victoire est d'autant plus belle lorsqu'elle est semée d'embûches. Après sept mois de batailles politico-judiciaires sur fond de scandale d'État en Belgique, Fortis va être racheté par BNP Paribas. Une consécration pour son directeur général Baudouin Prot qui clôt ainsi dix années de croissance externe à succès pour la première banque française. D'abord aux côtés du président Michel Pébereau, puis seul aux commandes opérationnelles, Baudouin Prot s'est révélé comme étant l'homme des grandes acquisitions.Tout commence en 1999. Alors qu'il est directeur général depuis trois ans de BNP, Michel Pébereau, président, est en première ligne lors du rachat de Paribas. Mais c'est Baudouin Prot qui met en place son intégration à travers le modèle maison calqué sur le schéma « 6 jours, 6 semaines, 6 mois ». En 2002, il est de nouveau à la man?uvre pour tenter de racheter le Crédit Lyonnais. La bataille fait rage avec le Crédit Agricolegricole, qui finit par l'emporter. Un an plus tard, fort d'avoir réussi l'intégration de Paribas, il devient le seul maître opérationnel du groupe, Michel Pébereau conservant la présidence.Dès lors, et malgré son discours modéré de croissance par petites acquisitions ciblées, Baudouin Prot cherche une nouvelle opération « transformante » pour BNP Paribas. C'est dans les années 2004-2005 qu'il étudie notamment de près le dossier Fortis. Un atout qui s'est révélé indispensable lors des négociations éclair avec le gouvernement belge en octobre dernier.En 2006, nouveau coup d'éclat. Alors que toutes les banques européennes scrutent avec appétit le marché bancaire italien, BNP Paribas rafle la mise en rachetant la Banca Nazionale del Lavoro, empêtrée dans un scandale financier. Baudouin Prot mène la « Blitzkrieg » et négocie en quelques jours, dans les hôtels romains, le rachat de la banque italienne. Cette acquisition ouvre la voie à la stratégie européenne de BNP Paribas. Cette fois, Baudouin Prot a dû s'armer de patience pour remporter la bataille pour Fortis. Mais le rachat de la banque belge assure définitivement à BNP Paribas une véritable dimension paneuropéenne.Son prochain défi sera de réussir l'intégration de Fortis comme il avait fait pour Paribas. À l'époque, ce succès lui avait permis d'asseoir sa position de successeur de Michel Pébereau. Baudouin Prot a aujourd'hui confié l'absorption de Fortis à Jean-Laurent Bonnafé. Cet ancien de BNP a déjà à son actif l'intégration réussie de l'italienne BNL, ce qui lui a valu d'être nommé directeur général délégué de la banque l'an passé. S'il réussit celle de Fortis, il sera à coup sûr en position de force pour succéder à son mentor Baudouin Prot et imiter son parcours.Matthieu PechbertyAFP
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