La littérature s'aventure à Saint-MaloLe festival Étonnants...

La littérature s'aventure à Saint-MaloLe festival Étonnants Voyageurs, vaisseau amiral de Michel Le Bris, philosophe, écrivain, et éditeur, fait escale comme chaque année ce week-end dans la cité malouine. Passionné par Stevenson, Conrad et London, exaspéré par la littérature de l'ego, ce Breton lance ce festival il y a vingt ans. Objectif : défendre et promouvoir une littérature d'aventure. Plus de 3.000 écrivains s'y sont succédé depuis. Cette année, l'offre s'avère plus foisonnante que jamais avec 500 heures de programmation, 150 projections dans 30 lieux différents. Rencontre avec cet érudit de l'ailleurs. Le prix Nobel décerné à JMG Le Clézio cette année, des écrivains attirés par le dehors  : un vent nouveau semble souffler sur la littérature française. Avez-vous le sentiment d'avoir réussi votre pari d'il y a vingt ans ?Nous nous apprêtons à battre des records d'affluence. Les gens viennent ici découvrir des points de vue différents et non pas l'habituelle uniformisation des discours. Alors oui, d'une certaine manière l'objectif est atteint. Mais ce qui a produit le repliement sur soi de la littérature française est toujours là. Ce milieu génère lui-même l'idéologie de la préservation de son pouvoir. Avec la crise, on assiste à un intérêt croissant pour la culture. La littérature bénéficie-t-elle de ce phénomène, ou redoutez-vous la fin du livre ?Il y a une telle crise de la représentation que les individus cherchent à écouter les artistes et pas forcément ceux supposés savoir. Dans ce monde inconnu les anciennes explications ne valent plus rien. Il y a vingt ans, on disait que les jeunes adultes ne lisaient plus. Aujourd'hui ils dévorent des livres de 600 à 800 pages qui foisonnent d'inventions formelles tout à fait intéressantes. À l'échelle mondiale, je suis persuadé que la littérature va bénéficier d'un fort engouement culturel. Cette année vous associez au festival des scénaristes et des réalisateurs de séries TV. Dans quel but ?Celui de rechercher de nouvelles formes de narration. Certaines de ces séries disent le monde d'aujourd'hui avec une force rare. À l'époque où j'étudiais le romantisme, j'avais été frappé par le rôle joué par le roman-feuilleton dans le roman. Il a permis au peuple de se découvrir comme héros, de se percevoir au travers du récit. Dans les périodes de mutation du monde, il y a un appétit de fiction et d'histoire. D'autant que notre environnement actuel est très romanesque. « Fictionner », c'est donner un visage à l'inconnu du monde, c'est l'habiter. On trace des chemins à la façon des cailloux du Petit Poucet. S'il fallait retenir de cette nouvelle édition un événement phare, quel serait-il ?Aucun ! Cela va à l'encontre de ce que nous souhaitons faire puisque notre volonté est d'offrir un mélange des genres pour un maximum de découvertes. On nous dit parfois qu'il y a trop de choses, mais c'est cela la diversité. Sur les 20.000 visiteurs, chacun peut y trouver ce qu'il cherche. Notre souci est de continuer à ouvrir toutes les portes en permanence. L'événement majeur ? Ce sera au gré de chacun.Propos recueillis par Sophie PétersProgramme : www.etonnants-voyageurs.comÀ savoir : possibilité d'écouter le Café littéraire à distance.
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