Les banques russes à la veille d'une concentration massive

Malgré les assurances du gouvernement et bien que les coffres de la Banque centrale de Russie (BCR) soient gonflés de pétrodollars, le secteur bancaire russe subit de fortes turbulences. La plupart des banques russes ont totalement cessé d'accorder des crédits immobiliers. Les crédits à la consommation sont accordés avec une extrême parcimonie et même les paiements par simple carte de retrait rencontrent parfois des refus.Le mutisme des télévisions sur la crise a au moins sauvé les banques d'un retrait massif des dépôts. Malgré la garantie d'État sur les dépôts individuels (à hauteur de 20.400 euros), la population reste traditionnellement méfiante envers les établissements bancaires après les désastres de 1993 et de 1998 lors desquels une grande partie des Russes ont vu leur épargne littéralement vaporisée. Un mouvement de transfert des dépôts des banques privées vers les banques publiques (Sberbank en particulier) a déjà grandement affaibli les banques de moyenne taille. Sberbank abrite déjà un bon tiers des dépôts individuels russes en roubles ou en devises et vient d'annoncer qu'elle vise les 50 % en 2014. Dans un récent sondage, 58 % des Russes se disent en faveur d'une nationalisation des banques.Par voie de conséquence, un nombre croissant de banques étrangères opérant en Russie revoient à la baisse leur expansion sur le marché russe, encore prometteur six mois plus tôt. Mais discrètement, pour ne pas éveiller la suspicion de leurs clients. La Société Générale, qui détient le contrôle de la 7e banque russe, Rosbank, en plus de sa propre filiale russe, BSGV, a promis de l'épauler en cas de besoin.168 milliards d'euros d'aide Jeudi dernier, les députés russes ont expédié en moins de deux heures des textes de loi autorisant le gouvernement à dépenser 14,7 milliards d'euros pour les banques russes en difficulté. Des lois s'ajoutant à un paquet de mesures totalisant 168 milliards d'euros d'aide pour le secteur financier. Dans ce contexte, le président, Dmitri Medvedev, se voulait rassurant la semaine dernière en insistant sur le fait que la Russie avait à gagner dans une crise conduisant « inévitablement » à la consolidation dans le secteur bancaire. Les officiels russes répètent comme un mantra leur v?u de réduire le nombre de banques via une consolidation du secteur. Mais, depuis la dernière crise de confiance (juillet 2004), seules 200 banques sur 1.400 ont disparu. Selon une source bancaire, le président de la BCR, Sergueï Ignatiev, a indiqué à ses collègues qu'il s'attendait à la disparition de près de 70 banques au cours du mois de janvier prochain. Le vice-Premier ministre russe, Igor Chouvalov, va, lui, beaucoup plus loin en glissant de manière officieuse à des investisseurs étrangers que le nombre de banques russes pourrait tomber à moins de 100 d'ici deux ans. Le gros est à venir car seule une petite dizaine de banques russes ont déjà changé de mains en ce mois d'octobre. 50 %c'est la part de marché des dépôts individuels russes en roubles ou en devises que vise Sberbank (photo) pour 2014. La banque abrite déjà un bon tiers de ceux-ci.
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