Sanofi pourrait tourner la page Acomplia

Sanofi-Aventis pourrait-il décider dans un futur proche de stopper ses efforts de recherche sur l'Acomplia?? La question mérite d'être posée alors le groupe pharmaceutique publie, ce matin, ses résultats trimestriels. Car, depuis le début des années 1990, ce produit contre l'obésité n'a généré que des coûts, à quelques nuances d'ordre sémantique près. Et cela à mesure des revers essuyés dans le cadre des procédures de demande d'homologation du médicament. Dernier exemple en date : la décision par les autorités sanitaires européennes (Emea) de retirer, il y a une semaine, le produit du marché. Selon les experts, l'Acomplia doublerait le risque de « désordres psychiatriques ». L'impact financier de cette nouvelle sera certes minime sur les comptes du groupe cette année.mises en garde Selon les dirigeants, la suspension du médicament en Europe ne devrait pas coûter plus de 50 millions d'euros au laboratoire. Mais la facture réelle est bien plus lourde. « Au final, le groupe aura dépensé plus de 1 milliard d'euros en R&D pour un produit qui a généré des ventes cumulées de seulement 200 millions d'euros à ce jour », souligne un analyste parisien. Mise au point depuis le milieu des années 1990, la pilule miracle antiobésité, le Rimonabant (nom scientifique de l'Acomplia), devait rapporter quelque 3 milliards d'euros au groupe à l'horizon 2010. Grâce au marché américain, particulièrement concerné par ce fléau. Mais, en juillet 2007, le projet tourne court. Confrontés à l'avis négatif de 14 experts américains, les dirigeants du laboratoire français décident de retirer leur demande de mise sur le marché américain du médicament antiobésité. Entre-temps, les mises en garde et autres restrictions d'utilisation se sont multipliées en Europe, où le médicament est commercialisé depuis 2006. En juillet 2007, l'Afssaps (agence française du médicament) y a ajouté une contre-indication pour les personnes atteintes de dépressions caractérisées et/ou traitées par antidépresseur. Au total en Europe, une quinzaine de décès ont été imputés à l'Acomplia par les autorités, dont environ un tiers de suicides. Sans pour autant que le lien de cause à effet ait été démontré. Mais Sanofi n'a jamais perdu espoir de soumettre un nouveau dossier aux autorités américaines, en repositionnant le médicament sur la lutte contre les risques cardio-vasculaires liés au diabète. Quitte à débourser une somme supplémentaire estimée à 200 millions d'euros.En effet, les dirigeants de Sanofi ont annoncé qu'ils poursuivraient les essais cliniques de phase III (la plus avancée) sur le médicament. Toutefois, la décision laisse sceptique. « les risques demeurent »« Sanofi aurait intérêt à arrêter ses recherches sur l'Acomplia dans la mesure où les effets secondaires du produit ont clairement été définis », glisse Jean-Jacques Le Fur, analyste chez Oddo. Et d'ajouter : « Même si les études en cours parviennent à démontrer la réduction des mortalités cardio-vasculaires chez les patients atteints d'obésité abdominale, les risques actuels sur le médicament demeurent. » Il rappelle d'ailleurs que « Merck a déjà décidé de mettre un terme au développement d'un produit présentant les mêmes effets secondaires ».Chez Sanofi, les études cliniques en cours incluent aujourd'hui 24.000 patients dans le monde, et l'intégralité de leurs résultats ne sera connue qu'en 2011. À moins que, d'ici là, l'arrivée, le 1er décembre, de la nouvelle direction ne change la donne. Car Chris Viehbacher, le remplaçant de Gérard Le Fur, pourrait vouloir donner un signal fort des changements à l'?uvre chez Sanofi en tournant définitivement la page Acomplia. Pour ainsi se concentrer sur la priorité du groupe : rationaliser, puis dynamiser le portefeuille de médicaments.les études cliniques en cours sont menées sur 24.000 patients à travers le monde.
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