Le gouvernement se donne le temps de réfléchir à l'avenir de la CNP

Comme il l'a récemment fait en reportant l'assemblée générale du GAN, le gouvernement a décidé de se donner le temps de la réflexion pour la Caisse Nationale de Prévoyance (CNP). Réunie hier, l'assemblée générale du premier assureur vie français a entériné cette volonté de la nouvelle équipe en place à Bercy. L'Etat a en effet « fait part de son souhait de mener avec la Caisse des dépôts et consignations (CDC) et en liaison avec La Poste et les Caisses d'Epargne une réflexion sur l'évolution à moyen terme de la CNP », a indiqué très officiellement la CNP. Ni La Poste, ni le groupe Caisses d'Epargne, ni la Caisse des dépôts ne souhaitaient commenter hier les conclusions de l'assemblée générale de la CNP. Désengagement. L'assureur ajoute que « cette réflexion prendra en compte les résultats de l'avis demandé au Conseil d'Etat sur le statut du personnel et le souci du gouvernement de ne pas remettre en cause le contrôle public de la CNP ». Il s'agit donc pour Bercy de régler le problème du statut des fonctionnaires de la CNP et de déterminer les modalités d'évolution du tour de table de la compagnie, inscrite depuis 1993 sur la liste des privatisables. Jusqu'à présent, il était envisagé de faire tomber la part de l'Etat à 5 %, contre 42,5 % actuellement. Réalisé en même temps qu'une introduction de la société en Bourse, ce désengagement aurait été réalisé au profit des autres partenaires de la compagnie (principalement l'Ecureuil et La Poste) et de la CDC. Cette dernière souhaite détenir à terme entre 35 % de 40 % du capital de la CNP. Enfin l'ouverture partielle du tour de table devait s'accompagner d'une augmentation de capital de l'ordre de 3 milliards de francs. Aménager la loi. En fait, le gouvernement entend mener une réflexion sur les orientations stratégiques de la compagnie spécialisée en assurance de personnes à l'heure où il compte aménager la loi sur les fonds de pension et envisage une réforme de la fiscalité de l'assurance vie. L'objectif affiché est de « permettre à la CNP de continuer à s'adapter dans les meilleures conditions à l'évolution des marchés sur lesquels elle intervient », explique-t-on à Bercy, en réaffirmant que « la CNP appartient au groupe Caisse des dépôts ». Pression maintenue. En revanche le ministère des Finances ne fournit aucune indication quant au calendrier selon lequel cette réflexion sera menée. Seule certitude : à l'issue de ces réflexions une assemblée générale extraordinaire sera convoquée « pour examiner les conséquences à tirer et procéder à la désignation des membres du conseil de surveillance et du directoire ». En attendant, Pierre Darnis, le président du directoire, et l'ensemble des organes de direction ont été reconduits hier pour la durée statutaire de cinq ans par l'assemblée générale. « C'est une solution transitoire qui permet de fonctionner en attendant », expliquent les syndicats. Ces derniers se montrent pour l'instant très prudents. « Le contrôle public de la CNP ne veut pas dire grand-chose à nos yeux, puisque le projet initial prévoyait déjà que les entreprises publiques détiennent la majorité du capital, avec une introduction partielle en Bourse. Or, pour nous, une mise sur le marché ouvre de fait la voie à une privatisation. Nous continuons de demander que la CNP soit retirée de la liste des privatisables », expliquent-ils. La pression est donc maintenue sur un dossier sensible. Dès lors, la pause demandée par le gouvernement n'a rien de surprenant, du moins tant que la compagnie peut assurer son développement sans avoir à faire appel à ses actionnaires. B. B. et S. R.
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