Première menace de grève chez British Airways en dix ans

Si aucun accord n'est trouvé in extremis ce mardi, British Airways devra, dès demain matin à 7h00 (6h00 à l'heure anglaise), faire face à une grève de trois jours de son personnel navigant commercial. Le syndicat Transport and General Workers Unions (TGWU), qui représente les 9.000 hôtesses et stewards adhérents à l'Association britannique des navigants, provoquera non seulement la première grève depuis la privatisation de la compagnie, il y a dix ans, mais aussi le premier conflit industriel du gouvernement travailliste de Tony Blair. Le différend avec le personnel de cabine porte sur la nouvelle politique salariale que la compagnie souhaite mettre en place. Pour les syndicats, elle aboutirait au bout du compte à une baisse effective des salaires cumulés sur l'année qui pourrait atteindre jusqu'à 4.000 livres (environ 38.000 francs) par an et par salarié, avec une plus grande flexibilité horaire, surtout pour les longs courriers, et une sous qualification du personnel. Pour calmer le jeu, la compagnie a certes promis qu'aucun salarié ne percevrait une paie diminuée, mais cette promesse étant limité à trois ans n'a pas réussi à désamorcer le conflit. British Airways maintient que cette restructuration est essentielle pour atteindre les objectifs vitaux de réduction des coûts. Depuis sa nomination au poste de directeur général de BA l'an dernier, Robert Ayling n'a en effet que cette idée en tête : générer un milliard de livres (9,6 milliards de francs) d'économies d'ici à l'an 2000 pour assurer la compétitivité de la compagnie. Le projet de restructuration de la paie des navigants commerciaux doit lui permettre d'en trouver 42 millions de livres par an. BA s'est aussi engagée dans une politique active de sous-traitance des activités maintenance, engineering, restauration. Le conflit portant sur la vente de cette dernière activité n'ira toutefois pas jusqu'à la grève, le personnel au sol ayant hier voté contre à 72%. Très médiatisée en Grande-Bretagne, la dispute entre BA et TGWU, qui dure maintenant depuis plus d'un mois, a désormais pris un tour personnel. Mis en cause pour son arrogance, Robert Ayling, par ailleurs un proche de Tony Blair, a dès le début adopté une attitude très dure, accusant les syndicats d'irresponsabilité. Il y a quelques semaines, il a fait vider, puis fermer, les bureaux mis gratuitement à la disposition des représentants syndicaux à Heathrow et Gatwick, ce qui lui avait valu le titre peu flatteur d'«industriel du textile du XIXe siècle». La compagnie aurait également adressé une lettre d'avertissement au personnel navigant, avec des menaces à peine voilées de renvoi ou de poursuite pour dommages et intérêts. Le week-end dernier, les salariés - y compris ceux en congé maladie ou maternité- auraient même été contactés par téléphone, leurs interlocuteurs leur enjoignant de se présenter à leur poste demain. Cette tactique, qui en a choqué plus d'un, semble avoir produit le contraire de l'effet recherché. British Airways va donc devoir appliquer son plan d'urgence. Mais la compagnie n'est pas tout à fait démunie. Pour remplacer le personnel en grève, elle dispose des 3.000 salariés membres du syndicat dissident Cabin Crew 89, qui ont accepté de travailler aux nouvelles conditions ; elle peut également faire appel au personnel de remplacement qu'elle a formé en prévision de ce mouvement. British Airways a dépensé 500.000 livres en campagne radio et télé pour donner aux voyageurs la liste des liaisons qui ne seront pas affectées (sont maintenus tous les vols internationaux au départ des aéroports régionaux, les vols domestiques et européens au départ de Gatwick, les liaisons sous traitées à d'autres compagnies, les longs courriers étant, eux, annulés pour les deux tiers). Mais ce sont les perturbations attendues à Heathrow qui retiendront l'attention. Environ 75% des vols à destination de l'Europe et 50% des vols long courriers seront annulés au départ de cet aéroport. Si, ainsi que certains analystes le craignent, cette grève n'est que le prélude à une série d'autres mouvements cet été, British Airways pourrait alors comptabiliser des pertes importantes. La compagnie aérienne la plus profitable du monde entrera alors dans de fortes turbulences auxquelles elle n'était plus habituée. Nava Dahan, à Londres
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