La course aux fonds propres est lancée

« Nous devons instaurer une réforme complète de la régulation. » Lorsqu'il a lancé cet appel le 24 mars 2009, à quelques jours du G20 de Londres, le secrétaire au Trésor américain, Timothy Geithner, ne s'attendait certainement pas à trouver un tel écho. Depuis cette date, les régulateurs, Comité de Bâle et Conseil de stabilité financière (CSF) en tête ont redoublé d'imagination pour définir le cadre de la régulation bancaire de demain. Leur mission, commandée par les dirigeants du G20, était la suivante : éviter un nouvel effondrement des banques, comme à l'automne 2008. Aujourd'hui, même si des divergences subsistent entre Européens et Américains, la moitié du chemin a été parcourue : les grandes lignes sont définies et les études d'impact en cours. Le programme, ambitieux, s'annonce très coûteux pour le secteur bancaire, car presque chacune des réformes se traduira par une augmentation des exigences en fonds propres. Le coût lié au risque de marché ? Il sera multiplié par trois, d'après le CSF. Le risque de crédit ? En plus des règles actuelles dites « Bâle 2 », les banques devront constituer des réserves de fonds propres lorsque la conjoncture sera bonne (« provisions dynamiques »). Le risque de liquidité ? Le Comité de Bâle préconise la mise en place de « coussins » de capitaux pour faire face à un assèchement brutal du marché. Quant aux participations financières que détiennent les banques, elles devront être déduites à 100 % de leur Tier One (capitaux propres de base), contre 50 % actuellement. inquiétude en francePour faire face à ces nouvelles contraintes, les banques devront certainement se tourner de nouveau vers les marchés financiers. D'après le Fonds monétaire international (FMI), les établissements de crédit européens auront besoin de 150 milliards de dollars (105 milliards d'euros) de fonds propres supplémentaires pour atteindre à la fin de l'année 2010 un ratio de solvabilité Tier One de 8 %, soit le taux plancher communément admis par les régulateurs. Pis, au niveau mondial, ce sont 600 milliards de dollars qui pourraient manquer aux banques, a récemment estimé le vice-président de Lazard, Gary Parr. En France, l'inquiétude règne. En témoigne la chute en Bourse des valeurs bancaires hexagonales, en décembre, lors de la publication des toutes dernières propositions du Comité de Bâle.Bref, la nouvelle donne réglementaire sera coûteuse, contraignante et grèvera significativement la rentabilité des banques. Reste un espoir pour ces dernières : les règles du Comité de Bâle sont soumises à consultation et peuvent donc encore évoluer en leur faveur dans les prochains mois. Date butoir : fin 2010. Alexandre Madde
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